Al-Qaida et les autres forces terroristes se développent, à travers le monde, sur le terreau des injustices.

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Monde - le 4 Mai 2011
Aghanistan

Jean-Paul Lecoq « La crise ne se réglera pas par la guerre »

Jean-Paul Lecoq, député PCF de Seine-Maritime et secrétaire de la commission des Affaires étrangères de ?l’Assemblée nationale, estime que la paix repose sur une alternative d’aide au développement économique.

Devant l’Assemblée nationale française hier, le ministre des Affaires étrangères, Alain Juppé, a déclaré qu’aucun retrait des militaires français n’était envisagé tant que les conditions de sécurité en Afghanistan ne seront pas réunies. Que vous inspirent ces propos??

Jean-Paul Lecoq. Nous n’avions aucune raison d’aller en Afghanistan. La présence des talibans doit se gérer autrement que par l’envoi de soldats. Ils se sont développés grâce à l’économie de la drogue puis sont allés ?dans les vallées où ils ont rendu des services aux populations tout en imposant leur politique. Il faut donc avancer une alternative. Plutôt que des militaires, il faut envoyer ?des forces civiles à même de développer ?une autre agriculture que celle de la drogue, l’industrialisation des vallées... En matière de construction de l’État, il faut une autre approche qu’une copie de l’Occident. L’Afghanistan est un pays tribal. Comment concilier les histoires tribales avec les exigences de démocratie moderne et donc inventer ?une démocratie à l’afghane?? Je l’ai constaté de moi-même, ce sont ces questions qui sont posées et non le renforcement militaire.

Vous réfutez donc l’idée d’un retour au pouvoir ?des talibans en cas de retrait de l’Otan??

Jean-Paul Lecoq. Il faut le retrait des armées, mais initier en même temps des coopérations intenses avec le peuple afghan et son économie. Le développement des richesses créées doit profiter au peuple afghan. Si on laisse la ?misère proliférer alors les talibans reviendront jouant sur les mêmes ressorts (l’argent du terrorisme et de la drogue) qui les ont conduits au pouvoir. À l’inverse, il faut s’inscrire dans ?la logique d’un juste partage des richesses, avec des espaces d’expression et de liberté. L’enjeu est bien une autre politique et pas seulement ?un retrait de l’armée.

Cette entreprise doit-elle être conduite sous l’égide des Nations unies??

Jean-Paul Lecoq. Oui, et avec tous les organismes ?et agences de coopérations à même de porter ?ce type de développement. Sur place, ?des gouverneurs sont disposés à travailler ?à l’évolution de leurs vallées. Mais ?le gouvernement considère que l’on ne peut discuter qu’avec le président Hamid Karzaï et son gouvernement dont la crédibilité est pourtant mise en cause. C’est un gouvernement corrompu qui n’a d’ailleurs peut-être pas envie de voir évoluer la situation. Or des chefs ?de tribu sont prêts à discuter autour du projet d’un autre avenir pour la jeunesse afghane qui tienne compte de la réalité du pays.

Que pensez-vous des déclarations du premier ministre selon lesquelles des représailles sur le territoire français sont à craindre??

Jean-Paul Lecoq. Al-Qaida et les autres forces terroristes se développent, à travers le monde, sur le terreau des injustices. Ils parviennent ?à capter des énergies en les manipulant pour ?les détourner de ce qui constitue le fondement de ces injustices, c’est-à-dire le système capitaliste. Il faut s’attaquer aux causes et aider au développement. Le règlement des conflits ne passe pas par le militaire. De même que l’ONU doit traiter avec courage du droit des peuples à disposer d’eux-mêmes comme le demandent par exemple les Sahraouis ou les Palestiniens. Elle est aujourd’hui trop soumise aux décisions des grandes puissances, alors qu’elle devrait être indépendante pour répondre aux attentes démocratiques des peuples et non à celles des dirigeants qui pillent les richesses.

Entretien réalisé par ?Cathy Ceïbe

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