« La guerre est perdue contre le cannabis. » Ce constat, c’est un policier français qui le dresse.

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Livres: « Drogues, pourquoi la légalisation est inévitable »
9/02/2011

« La guerre est perdue contre le cannabis. » Ce constat, c’est un policier français qui le dresse, ouvrant sans ambiguïté le livre de Michel Henry, « Drogues, pourquoi la légalisation est inévitable ». Pas de révélations ni de sensationnalisme dans cet ouvrage, mais une description clinique et bien documentée de l’échec de quarante ans de guerre mondiale à la drogue.

Le livre démarre par une préface, « écrite complètement à jeun », provocatrice à souhait à la Beigbedder (probablement parce que c’est lui qui l’a écrite). L’auteur du Roman français y explique en toute modestie qu’il est probablement « l’un des citoyens les moins hypocrites de notre pays » sur le sujet, ce qui lui permet de dire que « l’interdiction des drogues est une erreur politique, économique et sociale aux dégâts considérables » ou encore que « la société du Care est une absurdité fasciste »…

Après avoir, de son côté, rappelé que « s’envoyer en l’air est consubstantiel à l’activité humaine », Michel Henry rappelle que la prohibition est de l’ordre de la foi, car une seule une foi peut sortir renforcée d’une telle série d’échecs: en quarante ans de guerre à la drogue, la consommation a explosé dans le monde et le coût matériel et humain est exorbitant. Constat partagé par l’essentiel des, nombreux, spécialistes mondiaux interrogés dans la livre. Alors que faire?

« Il n’est pas, pour l’auteur, question de prôner une légalisation tous azimuts. [...] Mais on peut instaurer un marché régulé du cannabis. Et, pour l’héroïne, développer la distribution médicale, par ordonnance, à destination d’un public restreint et ciblé. Pour la cocaïne, il paraît difficile de trouver une solution acceptable. Mais avancer sur le cannabis et l’héroïne apporterait déjà un progrès certain …»

Reste que Michel Henry est, malgré le titre de son livre, lucide sur les chances de voir à court terme se mettre en place une forme ou une autre de légalisation du cannabis:

« Tous ceux que cette perspective effraye peuvent malgré tout se rassurer : ce n’est pas pour demain. Peu d’élus ont le courage de regarder la situation en face et ils trouvent un soutien réconfortant auprès de l’opinion. »

L’ouvrage de mon confrère de Libération parait à un moment opportun. Parce que l’on « fête » en France les quarante ans de la loi de 1970 sur les stupéfiants, l’une des plus répressives et rétrogrades de l’Union européenne; mais aussi parce que le thème ne manquera pas d’être abordé d’une manière ou d’une autre dans le débat présidentiel.

Enfin parce que Laurent Joffrin quitte une nouvelle fois Libé pour regagner une nouvelle fois le Nouvel Obs. Et alors me direz-vous? Alors Laurent Joffrin avait, dans ses éditos, rompu une longue tradition d’engagement de Libération en faveur de la dépénalisation des drogues (cf notamment l’appel du 18 joint et, bien plus tard, les articles de votre serviteur) probablement au nom d’un impératif de réalisme de gauche sur les questions liées à la sécurité. Il est donc salutaire qu’un journaliste de cette vénérable maison (où, fut un temps pas si lointain, les pétards se fumaient en toute liberté dans les bureaux) remette les pendules à l’heure hasch.

Arnaud Aubron

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