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2010 vue par le petit bout du pétard
27/12/2010

Puisque l’heure est aux bilans, Drogues News ne pouvait faire exception. Substance de l’année, plan lose, rumeur ou parano, voici tout (ou presque) ce qui a marqué la planète drogues ces douze derniers mois.

L’idée (janvier)

Sortir de la crise grâce au pakalolo? C’est l’idée défendue au mois de janvier par l’ancien président de Tahiti, Oscar Temaru, douanier dans le civil. Son idée est simple:

« Les étrangers qui arrivent ici chez nous, les touristes, vont dans les hôtels, et demandent du cannabis; et nous savons également qu’il y a des pays en Europe qui ont légalisé la vente de paka. C’est peut-être un moyen de donner du travail à nos jeunes, de pouvoir le vendre, mais aux étrangers. »

Malheureusement pour Oscar, de la Jamaïque à la Californie, d’autres ont eu la même idée, attirés par le marché en plein boom du cannabis thérapeutique. Mais personne n’a franchi le pas à ce jour. En attendant, parce qu’elle le vaut bien, un hymne à l’herbe tahitienne par Fenua Style:

La substance (avril)

LA drogue de l’année est sans aucun doute la méphédrone. Connue en France de quelques initiés, la 4-methylmethcathinone, synthétisée à partir d’extraits de khat et dont les effets se situent entre la cocaïne et la MDMA, serait apparue en Israël en 2007. Vendue légalement sur le Net, elle devient très populaire, notamment en Grande-Bretagne, probablement à la suite d’une pénurie mondiale de MDMA. Elle sera très vite victime de son succès: mise en cause, sans que rien n’ait jamais pu être prouvé, dans plusieurs décès en Grande-Bretagne, elle y est interdite au mois d’avril. Puis dans toute l’Europe le 3 décembre. Pas de panique pour les amateurs du genre, 33 nouvelles drogues de synthèse seraient apparues en 2010 selon l’Observatoire européen des drogues et toxicomanies.

L’arnaque (juillet)

Se défoncer avec des MP3? C’est possible à en croire la presse mondiale qui s’empare très sérieusement du sujet au mois de juillet. A l’origine de de cet intérêt soudain, les déclarations d’un obscur shériff de l’Oklahoma alerté par une directrice d’école qui aurait ramassé trois de ses ouailles défoncées jurant n’avoir rien pris mais écouté des fichiers musicaux reproduisant l’effet de différentes drogues. Les sites proposant ces i-doses fleurissent sur le Net depuis quelques années. En vidéo, ça donne ça:

Dans la vraie vie, j’ai testé pour vous et ça donne… rien. Ok, j’aurais pu m’en douter.

L’aveuglement (août)

« La priorité du gouvernement est de réduire la consommation des drogues en France, non de l’accompagner voire de l’organiser. »

Par ce communiqué, Matignon met fin à l’espoir suscité par les prises de position courageuses de la ministre de la Santé sur les salles de shoot. Le rapport de l’Inserm commandé par Roselyne Bachelot était pourtant sans équivoque: existant déjà dans huit pays, les salles d’injection permettent, pour une population en grande précarisation et en complément d’autres mesures de réduction des risques, de limiter les risques d’infection ou d’overdose, d’orienter vers des structures de soins et de limiter les troubles à l’ordre public.

Le camping-car (septembre)

14 septembre, Jean-Luc Delarue est arrêté dans la cadre d’une enquête sur un trafic de cocaïne. Ça, ça pourrait arriver à tout le monde. Mais l’animateur se livre à un pitoyable mea culpa à l’antenne…

Delarue fait son mea culpa après son interpellation
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Lourdé, il est remplacé par Sophie Davant. Deux mois plus tard, Delarue s’enfonce dans la lose dans une interview à Télé Mag au cours de laquelle il annonce:

« Prendre la route avec un camping car et partir dans une cinquantaine de villes en France mais pas seulement aussi en Suisse et en Belgique. Pendant trois mois à raison de 4 à 5 jours par semaines, à chaque étape j’organiserai des réunions de prévention contre la drogue dans les collèges, lycées, salles polyvalentes. Je pense commencer en février ou en mars et je dormirai dans mon camping-car. »

Sans commentaire.

Le gachis (octobre)

Le 19 octobre, l’armée mexicaine réalise à Tijuana la plus grosse saisie de son histoire: 105 tonnes. Deux jours plus tard, ce sont 134 tonnes de marijuana qui sont brûlées sous le regard des caméras.

L’occasion manquée (novembre)

55% contre. Il ne s’en est pas fallu de beaucoup pour que le marché du cannabis soit légalisé en Californie. En tête dans les sondages après avoir reçu des soutiens de poids comme comme George Sorros ou deux des fondateurs de Facebook, la proposition 19 a finalement été rejetée par référendum le 2 novembre. Une épine de moins dans le pied de la Maison blanche, qui y était opposée. Richard Lee, auteur de la proposition, reste optimiste:

« Le fait que des millions de Californiens aient voté pour légaliser la marijuana est une énorme victoire. Nous avons brisé le plafond de verre. »

En attendant, l’une des dernières décisions de Terminator, qui a également perdu ce jour-là son siège de gouverneur, aura été de dépénaliser l’usage de cannabis dans son Etat: depuis le 1er octobre, la possession de 30 grammes de marijuana n’est plus passible en Californie que d’une simple contravention de 100 dollars… En France, c’est un an de prison!

La mauvaise nouvelle (décembre)

Dépêchez-vous d’aller faire vos courses aux Pays-Bas où démerdez-vous pour vous faire domicilier là-bas, car d’ici quelques mois, les coffee shops pourraient bien être interdits aux touristes. L’affaire traînait devant les tribunaux depuis quelques années, mais la justice européenne vient d’estimer qu’il ne s’agit pas d’une entrave à la libre circulation des personnes. Son avis n’était que consultatif, mais le gouvernement conservateur néerlandais, bien résolu à lutter contre le « narco-tourisme », souhaite faire entrer rapidement en vigueur le « weed pass », qui va être testé dans plusieurs villes du Sud. Reste que les opposants ne comptent pas se laisser faire et que l’herbe représente une sacrée manne pour le tourisme batave.

L’esprit de Noël (décembre)

Après 120 jours de grève de la faim, le chanvrier suisse Bernard Rappaz a recommencé à s’alimenter.

Arnaud Aubron