Afghanistan, Irak : le terrible héritage de M. Bush
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Edito du Monde
Afghanistan, Irak : le terrible héritage de M. Bush
| 28.07.10 | 13h20
Chaque jour ou presque, l'actualité pointe le drame que représentent les deux guerres héritées de l'ère Bush : l'Afghanistan et l'Irak.
Sur la première de ces interventions militaires, les fuites exposées cette semaine par le site WikiLeaks ne nous apprennent rien de vraiment nouveau. Elles sont importantes non par le contenu, mais par leur origine. Ce sont des sources officielles américaines - des points d'étape établis par les renseignements militaires. Ils confortent cette image d'une guerre difficile, celle de forces étrangères souvent mal vues de la population, qui paie le prix lourd des attentats menés par les talibans (plus de 60 % des victimes du conflit) et des frappes de la coalition.
Plus grave pour l'avenir de la guerre d'Afghanistan, ces fuites confirment le double jeu du Pakistan. Les rapports officiels postés sur WikiLeaks stigmatisent l'agence de renseignement pakistanaise, l'Inter Services Intelligence (ISI). Elle est une fois de plus - mais cette fois de source officielle américaine - accusée de soutenir activement les talibans afghans.
Islamabad a beau démentir cette collusion avec l'insurrection afghane, les documents de WikiLeaks dénoncent une véritable coopération entre l'ISI et les talibans : réseaux montés en commun pour combattre les soldats américains et assassiner des personnalités afghanes.
Les fuites couvrent une période qui s'arrête à l'arrivée de Barack Obama à la Maison Blanche, en janvier 2009. Il n'y a pas de raison de penser que la situation a fondamentalement changé depuis. Comme l'écrit le New York Times, mercredi 28 juillet, "si M. Obama n'arrive pas à persuader Islamabad de couper ses liens avec les extrémistes (...), il n'y a pas d'espoir de vaincre les talibans en Afghanistan".
Sept ans après la chute de Saddam Hussein, la situation n'est guère plus brillante en Irak. Les Irakiens ont voté il y a cinq mois, mais n'ont toujours pas de gouvernement.
La violence est quotidienne : attentats à la voiture piégée, assassinats, enlèvements... L'influence iranienne sur le pays est plus forte que jamais. Signe de chaos supplémentaire, les coupures d'électricité scandent toujours la vie des Irakiens - elles ont provoqué en juin des émeutes dans le grand port du Sud, Bassora.
Il y a un lien entre ces deux conflits décidés dans la foulée des attentats de septembre 2001. Le président George W. Bush n'a jamais donné la priorité à l'Afghanistan. Aussitôt les talibans chassés de Kaboul - où ils hébergeaient Al-Qaida - en 2002, il a consacré toute son attention à l'Irak, qui ne menaçait aucunement les Etats-Unis. Mais c'est là, en Irak, qu'il voulait un changement de régime exemplaire pour l'ensemble du Proche-Orient. Quand il aurait fallu se concentrer sur l'Afghanistan, avec une assistance civile massive, M. Bush se trompait de guerre et laissait renaître une insurrection talibane qui, depuis, n'a cessé de gagner du terrain.
De cette erreur stratégique majeure, on n'a pas fini de payer les conséquences.
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http://www.iraqinquiry.org.uk/
Official UK government website for the Chilcot Inquiry into the 2003 invasion of Iraq. Includes news, FAQ, hearings, evidence, key documents and background ...
Hearings - Evidence - Timetable - Oral Evidence by Date
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http://www.journal.forces.gc.ca/vo7/no4/book-livre-fra.asp
Friendly Fire: The Untold Story Of The U. S. Bombing That Killed Four Canadian Soldiers In Afghanistan
Au moment où les pertes de vies humaines s’accumulent dans le cadre de la campagne militaire canadienne en Afghanistan, y compris un deuxième incident de « tir ami », on pourrait présumer que la pertinence du livre de Michael Friscolanti s’en trouverait diminuée. Pourtant, il n’en est rien. Toute personne ayant participé à une commission d’enquête ou ayant traité avec les plus proches parents d’un militaire tué dans un accident sera familière avec la dynamique personnelle qui anime le récit que Friscolanti fait de cet événement tragique et de ses réper-cussions. Le titre ne ment pas : le livre révèle beaucoup plus de détails sur ce triste événement que ce qu’on a pu lire dans la presse. L’utilisation exhaustive des différentes enquêtes sur l’attentat à la bombe, conjuguée à l’information recueillie dans le cadre d’entrevues personnelles avec les protagonistes et les familles des victimes, a permis à Friscolanti de donner un visage humain au drame. Journaliste sans expérience dans les affaires militaires, il apporte une perspective nouvelle en explorant les dimensions humaines de cette tragédie. La lecture en est fascinante.
Ancien journaliste du National Post, Michael Friscolanti est maintenant rédacteur principal au magazine Maclean’s. Diplômé de l’Université Lakehead et du programme de deuxième cycle de la Ryerson School of Journalism, il a été rédacteur au journal étudiant de Ryerson, The Eyeopener, et a reçu, à ce titre, le prix de journalisme étudiant de l’Association canadienne des journalistes. Il n’est donc pas surprenant que l’auteur écrive avec la perspective d’un journaliste « pour raconter l’histoire et laisser les lecteurs tirer leurs propres conclusions [...], explique-t-il. Ce n’est que des années plus tard, quand j’ai commencé à rassembler l’information pour ce livre, que j’ai constaté à quel point il restait des choses à dire sur cet événement. »
En résumé, le récit concerne les événements entourant la mort de quatre soldats canadiens et les blessures subies par huit de leurs camarades après le largage d’une bombe par deux chasseurs F-16 de l’aviation américaine. Rappelons que l’incident est survenu le soir du 17 avril 2002, pendant que les militaires canadiens effectuaient des tirs de nuit dans la zone d’instruction à la ferme Tarnak, près de Kandahar, en Afghanistan.
Les Canadiens ont été très choqués du fait qu’une bombe larguée par des forces amies a causé les quatre premières pertes de vies humaines dans le cadre de la mission afghane. L’incident et ses séquelles ont fait l’objet d’une large couverture médiatique. Friscolanti a examiné une foison de rapports officiels et a mené plusieurs longues entrevues avec les survivants, les familles concernées, les enquêteurs, les deux pilotes en cause ainsi que leur équipe d’avocats pour finalement livrer un récit passionnant. Ces décès ont été les premiers d’une longue série, à laquelle s’ajoute un deuxième incident de « tir ami » en 2006. Les Canadiens se sont peut-être un peu endurcis à force de pertes, mais ils arrivent difficilement à oublier le choc ressenti à la suite des quatre premiers décès causés, de surcroît, par un allié.
Le livre suit un ordre chronologique, depuis le soir fatidique à la ferme Tarnak jusqu’aux dernières entrevues entre l’auteur et les pilotes, en passant par les enquêtes et les audiences. Rédigé au présent, dans un style très journalistique, le livre est rempli de dialogues tirés de rapports et d’entrevues et garde toujours le lecteur dans le feu de l’action. Le matériel frôle parfois le banal – le genre de témoignages que connaissent bien les amateurs du Reader’s Digest –, mais il n’en captive pas moins l’intérêt du lecteur tout au long du récit.
Friscolanti explique superbement le jargon et les procédures militaires. Même un lecteur peu versé dans les expressions militaires et le lexique des mesures de contrôle de l’espace aérien sur le champ de bataille peut comprendre les questions complexes en jeu. Bien qu’il se trompe à l’occasion (qualifiant, par exemple, une carabine C8 de « mitrailleuse »), Friscolanti démontre avec une admirable facilité le fonctionnement ou le non-fonctionnement sur le terrain des menues composantes de la structure de commandement et de contrôle militaire. Les lacunes au point de vue du contrôle de l’espace aérien, des instructions spéciales et d’autres mesures de surveillance, si familières à ceux d’entre nous ayant volé en zone opérationnelle, sont bien présentées pour aider le lecteur à mieux comprendre les nuances. Les extraits d’enquêtes officielles, s’ajoutant aux déclarations des personnes concernées, donnent une bonne idée de ce qui s’est produit le soir où le major Harry Schmidt, de l’armée de l’air des États-Unis, a largué la bombe qui a tué quatre soldats canadiens.
Il serait peut-être plus précis de dire que le lecteur aura l’illusion de comprendre. Les enquêtes militaires présentent de façon ambiguë le cas des deux pilotes. Après de longues et ennuyantes missions de vol au-dessus de l’Irak et de l’Afghanistan, les tirs au sol à la ferme Tarnak offraient enfin à ces deux pilotes une chance d’être dans le vif de la guerre. Les pilotes ont invoqué l’autodéfense comme excuse pour se soustraire aux règles d’engagement qui les auraient empêchés de tirer sur ce qu’ils percevaient comme une cible terrestre légitime et de larguer une bombe sur leurs alliés canadiens. Cependant, la compréhension fait défaut pendant l’audience menée en vertu de l’article 32 par l’aviation américaine, qui doit décider s’il y a lieu de porter des accusations contre les pilotes. Les puissants avocats de l’équipe de défense ont fait de leur mieux pour brouiller les pistes, détourner la responsabilité ailleurs et généralement blâmer n’importe qui, sauf les pilotes, du décès des Canadiens. Outre le brouillage de pistes par les avocats, les accusations posaient clairement problème au juge militaire : les pilotes avaient l’intention de tuer leur cible et, par conséquent, il était peu probable qu’on les trouve coupables d’homicide causé par négligence, une accusation que les autorités de l’aviation américaine n’étaient pas prêtes à porter contre des pilotes en temps de guerre. Au final, le résultat ne satisfait personne : ni les familles, ni l’armée de l’air des États-Unis, ni les pilotes.
Michael Friscolanti prétend avoir été objectif dans sa chronique et, comme il le dit, « l’histoire de cette erreur [...], je n’en tire aucune conclusion, je ne porte aucun jugement. » Malgré cette affirmation, l’auteur a dû choisir parmi des milliers de pages de témoignages et des centaines d’heures d’entrevues pour trouver le matériel qu’il utilisera dans son livre. Somme toute, son choix est élogieux pour certains et accablant pour d’autres. La parade humaine défile devant le lecteur. Certains acteurs sont louangés et d’autres, blâmés, selon leur personnalité et leur réaction au choc provoqué par la situation. Quelques parents des victimes sont devenus obsédés par la compensation financière, tandis que d’autres se sont montrés plus dignes en public en rendant hommage à leur fils ou ami de cœur disparu. Des deux pilotes, seul le major Umbach, commandant du vol, semble s’être racheté quelque peu en offrant des excuses sans réserve aux familles à la fin de l’audience. À l’inverse, un scénariste hollywoodien n’aurait pas pu créer un « Top Gun » plus stéréotypé que le major Harry « Psycho » Schmidt, l’autre pilote. Celui-là même qui a largué la bombe se confond en justifications plus bizarres les unes que les autres et n’a manifesté aucun repentir. La lettre de réprimande envoyée au major Schmidt par le général Mosely de l’aviation américaine est classique; il serait difficile de trouver une réprobation plus percutante et, rien que pour elle, le livre en vaut la peine. À l’inverse de Umbach, Schmidt ne s’est jamais vraiment excusé et il n’en a jamais perçu la nécessité. Il donne l’impression d’un homme arrogant, incapable de se racheter.
Le résultat est à la fois troublant et peu satisfaisant. Il en est souvent ainsi dans la vie et, si c’est ce qu’a voulu présenter Friscolanti, il a réussi. Friendly Fire devrait figurer sur la liste de lectures de tout professionnel militaire.
Le colonel Shelley, pilote d’hélicoptère tactique, est directeur de la Sécurité des vols au sein des Forces canadiennes.
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