600 000 addicts en France et seulement 10 à 15 % d’entre eux sont prêts à se soigner
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Paris en ligne de mire
Lundi 21 juin 2010 à 14:06 | Par Alexandra Villame
Depuis trois semaines maintenant, le marché des paris en ligne s’est officiellement ouvert en France. Gérard Cagni, coordinateur pour le Dispositif d’Appui Régional Interministériel Drogues (DARID), explique les dangers d’une telle ouverture sur les jeux d’argent et de hasard.
GazetteINFO : Qu’est-ce qui motive les adeptes du jeu ?
Gérard Cagni : Les motivations principales sont : gagner, le risque de perdre, le hasard et le côté irréversible de la mise. Il faut ajouter à cela les notions de distraction, de plaisir et de lien social.
Quel changement implique la loi nouvelle ouvrant les paris en ligne ?
Elle a promu une Autorité de Régulation des Jeux En Ligne (ARJEL) qui va, comme son nom l’indique, réguler les jeux : poker, paris hippiques et sportifs, et loteries. Cette autorité va contrôler l’activité des gens à qui elle va donner accord en France, mais il faut savoir qu’actuellement plus de 2 millions de français jouent sur des sites étrangers. Ce qui veut dire qu’on ne va pas contrôler grand-chose à mon avis. Ce qui va également changer c’est le confort du jeu qui découle de l’anonymat et du fait de pouvoir jouer d’où on veut, 24 heures sur 24. Il y a à peu près 600 000 joueurs addicts en France, et seulement 10 à 15 % d’entre eux sont prêts à se soigner. Il y a du souci à se faire. Il y a une liste d’une vingtaine d’opérateurs commerciaux en ligne, avec des systèmes qui permettent d’attirer les novices notamment en remboursant les premiers paris, ou par le biais de cadeaux. Parfois, les sites peuvent offrir jusqu’à cinquante euros aux joueurs pour s’essayer.
Cette loi peut-elle devenir un facteur aggravant ?
Ce qui est aggravant c’est le mélange d’internet et des jeux d’argent qui nous fait craindre une potentialité addictive très forte. Le profil des joueurs est en pleine évolution. Les jeunes diplômés actifs et les plus de 65 ans qui ont du temps, ainsi que les femmes, deviennent les nouvelles cibles. Cette légalisation veut faire croire que le tabou du jeu en ligne va tomber, mais je ne suis pas sûr que c’est ce qu’il va se passer. En France la loi a maintenu la carte d’identité et la saisi du numéro de carte pour s’assurer que le joueur est majeur, ainsi qu’une limitation du nombre de paris par jour. Malgré tout, je pense que nous serons amenés à voir cela disparaitre comme dans d’autres pays tels que l’Espagne ou l’Italie. Je suis quasiment persuadé qu’une hausse des joueurs pathologiques est à prévoir dans les deux à trois années à venir.
A quoi reconnait-on un joueur pathologique ?
On commence à être joueur pathologique lorsqu’on commence à avoir des problèmes de finances liés au jeu. A partir de là, le joueur empreinte de l’argent à son entourage ou contracte des crédits, et se créée ainsi des dettes. Ces dettes vont générer des problèmes et un stress qui rendent le joueur pathologique irritable. Il perd complètement la notion de hasard et persiste à jouer alors qu’il ne peut pas améliorer ses compétences puisque tout repose sur l’aléatoire. S’ensuivent la perte d’appétit, la dépression, le mensonge, la perte de motivation pour son travail ou pour sa vie sociale, et puis les douleurs physiques vont apparaitre maux de tête, cou, dos parce qu’il va jouer longtemps. Et puis, les joueurs malades ne plafonnent plus leurs mises.
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