AFGHANISTAN • Cure de désintoxication dans la police.
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AFGHANISTAN • Cure de désintoxication dans la police
Dans un pays où la drogue reste facile à se procurer, une partie des policiers afghans sont eux-mêmes toxicomanes. Plutôt que de les renvoyer, le gouvernement leur propose désormais de se soigner, témoigne The New York Times.
31.05.2010?|?The New York Times
hôpital pour toxicomanes du ministère de l’Intérieur représente à la fois un symptôme de l’ampleur du problème de la drogue en Afghanistan et une solution. Un symptôme parce que ses patients sont tous des policiers, et une solution parce que ces policiers ne sont plus dans la rue à chercher à assouvir une dépendance à l’héroïne ou à l’opium qui peut facilement leur coûter trois fois plus qu’un mois de leur salaire.
Le général Daoud Daoud, le vice-ministre afghan de l’Intérieur chargé de la lutte antidrogue, est si fier de cet établissement tout neuf qu’il a autorisé, le 16 mai, les journalistes à le visiter. Les responsables de l’hôpital ont réagi en disant qu’ils craignaient que certains policiers en cours de traitement ne soient furieux et qu’ils en viennent à être agressifs avec les visiteurs. Mais les services du général ont maintenu la visite.
Un programme d’analyse d’urine mis en œuvre auprès de 95 % des effectifs de la police nationale afghane a montré que 1 231 agents, soit 1,5 % de l’ensemble des forces, étaient dépendants aux drogues dures, le plus souvent à l’héroïne et à l’opium. Comme l’Afghanistan souffre d’une grave pénurie d’agents qualifiés, il a été décidé que les toxicomanes ne seraient plus révoqués mais envoyés à l’hôpital pour une cure de désintoxication de trois à quatre semaines.
Ces chiffres n’ont rien de surprenant. Un rapport mandaté par le Congrès américain en mars dernier indiquait que 12 à 41 % des effectifs de police afghans sont contrôlés positifs à des substances allant de la marijuana et du haschisch aux opiacés. Ceux qui prennent des drogues dures sont révoqués, mais les autres sont autorisés à conserver leur fonction à condition de suivre une psychothérapie. Cependant, comme les traces d’opium dans le corps disparaissent rapidement, il se peut que beaucoup n’aient pas été repérés, ce qui expliquerait le nombre important de toxicomanes que l’on trouve encore au sein des forces de police.
Lors de la visite de l’hôpital, les policiers en cure n’ont nullement cherché à faire usage des pierres de la cour, demandant au contraire à raconter leur histoire. La plupart consommaient de la drogue depuis longtemps. Le lieutenant Juma Khan Asak, un agent de la police des frontières de 40 ans, originaire de l’ouest de l’Afghanistan, avait fumé de l’opium puis pris de l’héroïne depuis l’âge de 17 ans, bien avant d’entrer dans la police.
“Je dépensais 1 000 afghanis [aujourd’hui environ 16 euros] par jour, a-t-il expliqué, et je ne pouvais plus faire mon travail correctement.” Cette somme représentait le double de son salaire. Lorsqu’on lui a demandé comment il pouvait faire vivre dans ces conditions une grande famille, il s’est contenté de hausser les épaules. Sur la frontière occidentale du pays, le principal souci de la police est d’empêcher les trafiquants de drogue de passer en Iran.
Ils sont aujourd’hui une cinquantaine à faire une cure. L’établissement est modeste, composé d’anciens locaux scolaires et de baraquements en préfabriqué, avec une seule télévision et peu de distraction. Il y a de fréquentes coupures d’eau et d’électricité. Mais la proportion des soignants ferait l’envie de bien des centres de désintoxication : 12 médecins, dont 2 psychiatres, ainsi que des travailleurs sociaux et des psychologues.
Cet établissement de 100 lits a traité à ce jour 600 policiers et devrait en accueillir 600 autres qui ont été contrôlés positifs. “Deux patients seulement ont rechuté”, a précisé le Dr Doust Mohammed, psychiatre, précisant que les deux hommes avaient été révoqués. Le Dr Shafi Azim, un psychiatre qui a travaillé pendant treize ans dans un centre de désintoxication, estime que les policiers sont de bons patients. “Ce sont des militaires, ils sont habitués à obéir aux ordres, observe-t-il. Et ils veulent retrouver leur fierté et leur dignité.”
Mohammed Ishaq Rezia, un capitaine de police de 34 ans de la province de Daykondi dans le centre du pays, attribue sa dépendance à l’opium à un ensemble de facteurs : éducation déficiente, état de guerre permanent, facilité d’accès à la drogue et mauvaises fréquentations. “Il y a quelques années, le pays était sous l’emprise de l’opium, dit-il. La situation était si désastreuse que même nous, les policiers, nous pouvions fumer de l’opium ouvertement. Mais maintenant, c’est fini.”
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