Ils sont où les prêtres qui repoussent les feux de forets par une bénédiction comme en 1870 ?
On implore le secours divin: Feu de forêt repoussé par un prêtre
L’abbé Racine a dit : “Pas ça, pas ça. Le feu ne passera pas ici”.
Et il a circulé le long du bord du feu, qui s’est arrêté là. (lâ, lâ !;o))
Ce n'est pas de l'appropriation culturelle je suis natif DU Lac, mer intérieure, et le grenier du Québec !
En plein cœur du chaos, plusieurs sont convaincus que la fin du monde est arrivée.
Les prières s’élèvent vers le ciel, seule option possible pour bien des fidèles,
qui craignent de s’être attiré les foudres divines. (Les calamités, vengeances divines)
Mgr Dominique Racine brandit un crucifix devant les flammes.
Certains attribuent l'arrêt de la propagation du feu près des installations de l'industriel William Price à Chicoutimi à l'intervention de Mgr Dominique Racine.
William Price (Sir) est un marchand de bois né en Angleterre en 1789.
C'est quoi le titre de Sir ?
Le mot Sir est une variation de Sire, terme honorifique utilisé dans toute l'Europe avec Seigneur,
qui était utilisé pour désigner un seigneur féodal.
Les seigneurs sont des hommes puissants. Leur pouvoir est économique, judiciaire et militaire.
Leur statut les place en haut de la hiérarchie sociale du Moyen-Âge.
Toutefois, ils promettent fidélité au roi dont ils sont les vassaux.
Le terme Sir fut utilisé pour la première fois en Angleterre en 1297
et aussi en tant que titre pour adouber un chevalier.
La langue de travail à Chicoutimi chez William Price Industry n'était pas le français en 1870.
http://histoiresainteducanada.ca/un-feu-de-foret-arrete-par-une-benedict...
On implore le secours divin: Feu de forêt repoussé par un prêtre
Origine de l’incendie:
Nous sommes le 19 mai 1870. Les frères Abel, Joseph et Henri Savard travaillent sur leurs terres avec leur beau-frère Pitre Bouchard près de la rivière à l’Ours, à Saint-Félicien. La journée est magnifique tout comme celles qui l’ont précédée. En fait, la semaine est presque caniculaire, à l’image du printemps hâtif qui a permis un début rapide des travaux de hersage.
Les hommes ont remarqué un phénomène curieux en quittant la maison. Le sol est recouvert d’une poudre jaune, comme s’il était tombé une pluie de soufre au petit matin*. Il s’agirait plutôt de pollen libéré en grande quantité partout dans la région en raison des conditions météorologiques chaudes et sèches, des conditions qui peuvent aisément engendrer un feu de forêt.
Les colons Savard ne se formalisent pas longtemps de cette situation, ils ont trop de travail devant eux. À l’instar de leurs rares voisins, ils font brûler des amoncellements de bois résultant du débroussaillage, l’un des nombreux travaux qu’ils s’affairent à réaliser. La journée semble idéale et quelques nuages de fumée s’élèvent ici et là au-dessus des tas de branches. Le crépitement du feu se mélange au bruit des hommes qui travaillent et à celui des oiseaux qui se font la cour.
Vers le milieu de l’avant-midi, un vent d’ouest se met à souffler violemment. La bourrasque arrive soudainement et fait grossir les feux d’abattis qui gagnent la forêt en un éclair, l’embrasant sous l’œil stupéfait des Savard et de leur beau-frère. Leurs efforts pour circonscrire l’incendie sont vains et la fuite s’avère la meilleure option pour sauver leur vie.
À environ trois kilomètres de là, la mère d’Abel, de Joseph et d’Henri aperçoit une fumée dense depuis sa maison. Elle craint le pire pour ses fils et pour son gendre, puisqu’elle les sait dans ce secteur. Moi, j’ai vu une grosse boucane (fumée) s’élever. J’ai dit : “Les garçons et Pitre vont brûler!” Quoiqu’éloignée de presque deux milles, j’ai eu juste le temps de prendre une valise, de la traîner à la rivière et de me mettre à l’eau et j’avais le feu sur la tête. Dire les angoisses que j’ai dû subir sont indescriptibles. Voir brûler la maison, penser que mes fils et mon gendre devaient être brûlés, c’était affreux, raconte Mme Louis Savard.
Témoins impuissants d’un drame dont ils ignorent encore l’ampleur, les habitants de Saint-Félicien sont sous le choc. Plusieurs d’entre eux ont le même réflexe que Mme Savard et se précipitent dans l’eau pour éviter la mort. Certains enfilent plusieurs couches de vêtements pour tenter de limiter les brûlures et pour éviter de perdre leurs maigres possessions.
Les flammes progressent à une vitesse folle. Impitoyables, elles avalent tout sur leur passage : forêt, bâtiments, infrastructures rudimentaires des colons. Au total, elles faucheront la vie de sept personnes, dont cinq à Chambord, à une quarantaine de kilomètres de leur point d’origine. Là, les habitants, perplexes, voient d’abord la fumée poindre à l’horizon puis avancer vers eux. Ils saisissent rapidement que quelque chose ne va pas.
Dina Morin est alors à l’école avec deux de ses sœurs. Mon frère Alexandre est venu nous chercher et là on s’est aperçus que le feu était pris partout. Tout le monde était excité, c’était un feu épouvantable qui courait partout comme un vent terrible, relate-t-elle dans ses mémoires. La panique s’empare de tout le village. Les gens crient, courent dans tous les sens en tentant de sauver le peu qu’ils possèdent et, comme ce fut le cas un peu plus tôt dans la journée à Saint-Félicien, plusieurs sont contraints de se jeter à l’eau pour survivre même s’ils ne savent pas nager.
Dina Morin, dont la maison est la proie des flammes à son retour de l’école, se met à l’abri dans une « cave à patates » avec une vingtaine d’autres personnes. Elle était creusée près d’un ruisseau, précise-t-elle. Il y avait des hommes dans le ruisseau avec des chaudières et ils jetaient de l’eau sur la cave pour que le feu ne prenne pas.
Sept personnes perdent la vie:
À peu près au même moment, à un jet de pierre de là, le père de Dina, Narcisse, et son frère Alexandre se cachent eux aussi dans une cave exiguë en bois avec José Fortin et son garçon Thomas, deux autres Chambordais. Si Dina sort indemne de sa cachette le soir venu, il en va autrement pour les quatre hommes, qui sont retrouvés morts au lendemain de l’incendie.
Dans ses mémoires, Charles Bérubé raconte qu’il a déduit après plusieurs heures de recherche en compagnie d’autres villageois que les Fortin et les Morin devaient être dans la cave où ils avaient entreposé certains de leurs biens. Ils ont arrosé l’endroit « à flots » avant de s’y introduire et d’y trouver les cadavres, chacun dans un coin de la cave. Il témoigne ainsi de la violence de l’incendie : Narcisse avait la face intacte, reposant sur un de nos oreillers. Tout le reste était calciné. On mit tout ce qui restait de chacun dans quatre chaudières ordinaires.
Mais, à Chambord, le drame ne s’arrête pas là. Pendant que le brasier fait rage, Wilfrid Lavoie, un jeune homme d’une vingtaine d’années, veut sauver son précieux cheval. Il entre dans la grange où se trouve l’animal, mais il n’en ressortira pas vivant. On l’a trouvé dans la porte, tout noir. Il ne restait que le tronc. Les membres et la tête étaient entièrement brûlés, décrit crûment Charles Bérubé.
On implore le secours divin:
Après avoir semé la désolation à Chambord, le mur de feu poursuit sa course vers l’est. Partout le scénario se répète. Terrorisés, les gens voient arriver le monstre et ne peuvent rien faire pour l’arrêter. Ils n’ont même pas le temps de comprendre ce qui se passe. En plein cœur du chaos, plusieurs sont convaincus que la fin du monde est arrivée. Les prières s’élèvent vers le ciel, seule option possible pour bien des fidèles, qui craignent de s’être attiré les foudres divines.
À Chicoutimi, le feu aurait épargné les installations de l’industriel William Price. Plusieurs témoins rapportent que ce dernier, voyant l’élément destructeur se rapprocher, s’est précipité chez l’abbé Dominique Racine. L’un d’eux, Xavier Dufour raconte dans ses mémoires que le religieux aurait empêché la propagation des flammes qui menaçaient des moulins et d’importantes quantités de bois près de la côte de la Réserve. L’abbé Racine a dit : “Pas ça, pas ça. Le feu ne passera pas ici”. Et il a circulé le long du bord du feu, qui s’est arrêté là, brûlant, comme des chandelles, la tête des souches et des piquets. Le feu s’est arrêté là où l’abbé Racine a passé. Monsieur Price tenait Monsieur l’abbé par sa soutane et le suivait, précise Xavier Dufour.
Au total, le feu courra pendant environ sept heures avant qu’une pluie salutaire se mette à tomber. Les flammes s’assoupissent finalement à La Baie, à environ 160 kilomètres à l’est de Saint-Félicien, là où elles avaient pris naissance un peu plus tôt dans la journée.
C’est le 20 mai que la population du Saguenay–Lac-Saint-Jean, évaluée alors à autour de 20 000 habitants, constate le désastre. Mis au parfum de la situation, le gouvernement de la province dépêche sur les lieux le médecin Pierre-Claude Boucher de la Bruère, agent général de la colonisation, pour constater l’étendue des dégâts et des besoins et pour offrir du soutien d’urgence aux personnes touchées.
Il débarque à Chicoutimi le 29 mai 1870 avec, notamment, des vêtements pour les sinistrés qui ont tout perdu et des grains de semence. Il entreprend une vaste tournée régionale et remet un rapport au gouvernement.
J’ai trouvé partout la désolation et la ruine la plus complète. Animaux, bâtisse, clôtures, semences, forêt, tout est presque disparu et, ce qu’il y a de plus triste à dire, sept personnes ont péri dans l’incendie et un grand nombre ont reçu des brûlures très graves, écrit-il.
Boucher de la Bruère évalue que 555 familles sont complètement ruinées et que 146 autres ont perdu leur maison ou des bâtisses. Les dommages sont énormes, difficiles à quantifier. Certaines sources parlent de plus d’un demi-million de dollars en pertes matérielles, sans compter tous les hectares de forêt brûlés. L’incendie s’était propagé sur environ 3 800 km² de la région du Saguenay–Lac-Saint-Jean.
L’abbé Dominique Racine deviendra le premier évêque du diocèse de Chicoutimi à partir du 4 août 1878 jusqu’au 28 janvier 1888. Il œuvra avec foi et dévouement pour son diocèse, fondant notamment l’Hôtel-Dieu de Saint-Vallier.
* Le sol est recouvert d’une poudre jaune, comme s’il était tombé une pluie de soufre au petit matin*. Il s’agirait plutôt de pollen libéré en grande quantité partout dans la région en raison des conditions météorologiques chaudes et sèches.
Cette poudre jaune dans les années 60-70 a été attribué aux avions
qui supposément pouvaient provoquer la pluie en pulvérisant un produit chimique dans les nuages.
Malheureusement ce produit miracle ne fonctionnait pas
là où il y avait des nuages et des années de sécheresses !:O)))
https://ici.radio-canada.ca/recit-numeriqu/883/tragedie-feu-foret-incendie
Le grand feu du Saguenay–Lac-Saint-Jean a 150 ans (153 ans)
TEXTE : MIREILLE CHAYER | ILLUSTRATIONS : VICKY BOUTIN
PUBLIÉ LE 18 MAI 2020
PARTAGEZ OUVRIR LA FENÊTRE DE PARTAGE
Au printemps 1870, un immense brasier a tout détruit sur son passage, de Saint-Félicien à La Baie. On raconte que le feu galopait à la vitesse d’un cheval, faisant sept victimes et laissant dans la plus grande misère des centaines de familles sinistrées. À travers des extraits de lettres et de témoignages, retour sur un événement qui a marqué la région et façonné son destin.
Nous sommes le 19 mai 1870. Les frères Abel, Joseph et Henri Savard travaillent sur leurs terres avec leur beau-frère Pitre Bouchard près de la rivière à l’Ours, à Saint-Félicien. La journée est magnifique tout comme celles qui l’ont précédée. En fait, la semaine est presque caniculaire, à l’image du printemps hâtif qui a permis un début rapide des travaux de hersage.
Des hommes entretiennent un feu.
Les frères Savard et leur beau-frère font brûler des abattis sur leur terre, à Saint-Félicien.
PHOTO = ILLUSTRATION: RADIO-CANADA / VICKY BOUTIN
Les hommes ont remarqué un phénomène curieux en quittant la maison. Le sol est recouvert d’une poudre jaune, comme s’il était tombé une pluie de soufre au petit matin. Il s’agirait plutôt de pollen libéré en grande quantité partout dans la région en raison des conditions météorologiques chaudes et sèches, des conditions qui peuvent aisément engendrer un feu de forêt.
Les colons Savard ne se formalisent pas longtemps de cette situation, ils ont trop de travail devant eux. À l’instar de leurs rares voisins, ils font brûler des amoncellements de bois résultant du débroussaillage, l'un des nombreux travaux qu’ils s’affairent à réaliser. La journée semble idéale et quelques nuages de fumée s’élèvent ici et là au-dessus des tas de branches. Le crépitement du feu se mélange au bruit des hommes qui travaillent et à celui des oiseaux qui se font la cour.
Vers le milieu de l’avant-midi, un vent d’ouest se met à souffler violemment. La bourrasque arrive soudainement et fait grossir les feux d’abattis qui gagnent la forêt en un éclair, l’embrasant sous l’œil stupéfait des Savard et de leur beau-frère. Leurs efforts pour circonscrire l’incendie sont vains et la fuite s’avère la meilleure option pour sauver leur vie.
Deux homme lâchent leurs outils et se sauvent.
Les feux d'abattis prenant de l'ampleur, les colons n'ont d'autres choix que de s'enfuir pour se mettre à l'abri.
PHOTO : RADIO-CANADA / VICKY BOUTIN
À environ trois kilomètres de là, la mère d’Abel, de Joseph et d'Henri aperçoit une fumée dense depuis sa maison. Elle craint le pire pour ses fils et pour son gendre, puisqu’elle les sait dans ce secteur. Moi, j’ai vu une grosse boucane s’élever. J’ai dit : “Les garçons et Pitre vont brûler!” Quoiqu’éloignée de presque deux milles, j’ai eu juste le temps de prendre une valise, de la traîner à la rivière et de me mettre à l’eau et j’avais le feu sur la tête. Dire les angoisses que j’ai dû subir sont indescriptibles. Voir brûler la maison, penser que mes fils et mon gendre devaient être brûlés, c’était affreux, raconte Mme Louis Savard.
Témoins impuissants d’un drame dont ils ignorent encore l’ampleur, les habitants de Saint-Félicien sont sous le choc. Plusieurs d’entre eux ont le même réflexe que Mme Savard et se précipitent dans l’eau pour éviter la mort. Certains enfilent plusieurs couches de vêtements pour tenter de limiter les brûlures et pour éviter de perdre leurs maigres possessions.
Le feu, lui, avance vers l’est poussé par le vent qui souffle sans se lasser.
Des dizaines de kilomètres plus loin
Les flammes progressent à une vitesse folle. Impitoyables, elles avalent tout sur leur passage : forêt, bâtiments, infrastructures rudimentaires des colons. Au total, elles faucheront la vie de sept personnes, dont cinq à Chambord, à une quarantaine de kilomètres de leur point d’origine.
Là, les habitants, perplexes, voient d’abord la fumée poindre à l’horizon puis avancer vers eux. Ils saisissent rapidement que quelque chose ne va pas.
Dina Morin est alors à l’école avec deux de ses sœurs. Mon frère Alexandre est venu nous chercher et là on s’est aperçus que le feu était pris partout. Tout le monde était excité, c’était un feu épouvantable qui courait partout comme un vent terrible, relate-t-elle dans ses mémoires.
Un homme est dans la rivière et une femme s'apprête à sauter à l'eau.
Les gens tentent de se protéger du feu en se jetant à l'eau.
PHOTO : RADIO-CANADA / VICKY BOUTIN
La panique s’empare de tout le village. Les gens crient, courent dans tous les sens en tentant de sauver le peu qu’ils possèdent et, comme ce fut le cas un peu plus tôt dans la journée à Saint-Félicien, plusieurs sont contraints de se jeter à l’eau pour survivre même s’ils ne savent pas nager.
Dina Morin, dont la maison est la proie des flammes à son retour de l’école, se met à l’abri dans une « cave à patates » avec une vingtaine d’autres personnes. Elle était creusée près d’un ruisseau, précise-t-elle. Il y avait des hommes dans le ruisseau avec des chaudières et ils jetaient de l’eau sur la cave pour ne pas que le feu prenne.
À peu près au même moment, à un jet de pierre de là, le père de Dina, Narcisse, et son frère Alexandre se cachent eux aussi dans une cave exiguë en bois avec José Fortin et son garçon Thomas, deux autres Chambordais. Si Dina sort indemne de sa cachette le soir venu, il en va autrement pour les quatre hommes, qui sont retrouvés morts au lendemain de l’incendie.
Une fille et un garçon se mettent à l'abri dans un caveau.
Des gens se sont réfugié dans des caveaux pour échapper aux flammes.
PHOTO : RADIO-CANADA / VICKY BOUTIN
Dans ses mémoires, Charles Bérubé raconte qu’il a déduit après plusieurs heures de recherche en compagnie d’autres villageois que les Fortin et les Morin devaient être dans la cave où ils avaient entreposé certains de leurs biens. Ils ont arrosé l’endroit « à flots » avant de s’y introduire et d’y trouver les cadavres, chacun dans un coin de la cave. Il témoigne ainsi de la violence de l’incendie : Narcisse avait la face intacte, reposant sur un de nos oreillers. Tout le reste était calciné. On mit tout ce qui restait de chacun dans quatre chaudières ordinaires.
Mais, à Chambord, le drame ne s’arrête pas là. Pendant que le brasier fait rage, Wilfrid Lavoie, un jeune homme d’une vingtaine d’années, veut sauver son précieux cheval. Il entre dans la grange où se trouve l’animal, mais il n’en ressortira pas vivant. On l’a trouvé dans la porte, tout noir. Il ne restait que le tronc. Les membres et la tête étaient entièrement brûlés, décrit crûment Charles Bérubé.
Comme un cheval au galop
Après avoir semé la désolation à Chambord, le mur de feu poursuit sa course vers l’est. Partout le scénario se répète. Terrorisés, les gens voient arriver le monstre et ne peuvent rien faire pour l’arrêter. Ils n’ont même pas le temps de comprendre ce qui se passe.
La fumée obscurcit le paysage et seule la lueur des flammes éclaire désormais le jour.
« Il faisait noir et c’était rouge. »
— Une citation de Extrait des mémoires d’Emma Tremblay (Bagotville)
En plein cœur du chaos, plusieurs sont convaincus que la fin du monde est arrivée. Les prières s’élèvent vers le ciel, seule option possible pour bien des fidèles, qui craignent de s’être attiré les foudres divines.
Mgr Dominique Racine brandit un crucifix devant les flammes.
Certains attribuent l'arrêt de la propagation du feu près des installations de l'industriel William Price à Chicoutimi à l'intervention de Mgr Dominique Racine.
PHOTO : RADIO-CANADA / VICKY BOUTIN
À Chicoutimi, le feu aurait épargné les installations de l’industriel William Price. Plusieurs témoins rapportent que ce dernier, voyant l’élément destructeur se rapprocher, s’est précipité chez Mgr Dominique Racine. L’un d’eux, Xavier Dufour raconte dans ses mémoires que le religieux aurait empêché la propagation des flammes qui menaçaient des moulins et d’importantes quantités de bois près de la côte de la Réserve.
Mgr Racine a dit : “Pas ça, pas ça. Le feu ne passera pas ici”. Et il a circulé le long du bord du feu, qui s’est arrêté là, brûlant, comme des chandelles, la tête des souches et des piquets. Le feu s’est arrêté là où Mgr Racine a passé. M. Price tenait monseigneur par sa soutane et le suivait, précise Xavier Dufour.
Au total, le feu courra pendant environ sept heures avant qu’une pluie salutaire se mette à tomber. Les flammes s’assoupissent finalement à La Baie, à environ 160 kilomètres à l’est de Saint-Félicien, là où elles avaient pris naissance un peu plus tôt dans la journée.
Ruines et désolation
C’est le 20 mai que la population du Saguenay–Lac-Saint-Jean, évaluée alors à autour de 20 000 habitants, constate le désastre. Mis au parfum de la situation, le gouvernement de la province dépêche sur les lieux le médecin Pierre-Claude Boucher de la Bruère, agent général de la colonisation, pour constater l’étendue des dégâts et des besoins et pour offrir du soutien d’urgence aux personnes touchées.
Il débarque à Chicoutimi le 29 mai 1870 avec, notamment, des vêtements pour les sinistrés qui ont tout perdu et des grains de semence. Il entreprend une vaste tournée régionale et remet un rapport au gouvernement.
J’ai trouvé partout la désolation et la ruine la plus complète. Animaux, bâtisse, clôtures, semences, forêt, tout est presque disparu et, ce qu’il y a de plus triste à dire, sept personnes ont péri dans l’incendie et un grand nombre ont reçu des brûlures très graves, écrit-il.
Boucher de la Bruère évalue que 555 familles sont complètement ruinées et que 146 autres ont perdu leur maison ou des bâtisses. Les dommages sont énormes, difficiles à quantifier. Certaines sources parlent de plus d’un demi-million de dollars en pertes matérielles, sans compter tous les hectares de forêt brûlés.
Un homme remet des vêtements à une femme.
Des vêtements, des matériaux et des semences ont été donnés aux colons qui ont subi d'importantes pertes à cause du feu.
PHOTO : RADIO-CANADA / VICKY BOUTIN
De l’aide d’urgence est octroyée par le gouvernement sous diverses formes, mais il en faut davantage pour assurer la survie des habitants du Saguenay–Lac-Saint-Jean.
Permettez-moi, Mr le ministre, de vous exposer la nécessité urgente qu’il y a pour le gouvernement d’envoyer de nouveaux services à ces malheureux affligés, dont les yeux sont constamment tournés vers lui et dans lequel ils fondent toutes leurs espérances. Ils sont pleins de gratitude pour le don de 3000 $ que le gouvernement leur a accordé, mais un nouvel octroi serait nécessaire si l’on considère qu’une population estimée à 4500 âmes est sans asile et sans pain, peut-on lire dans le rapport que Boucher de la Bruère fait parvenir au ministre de l’Agriculture et des Travaux publics.
Il ajoute que la charité publique devra nécessairement venir en aide à ces pauvres affligés, car pour leurs bâtisses il leur faudra du bois de sciage, des ferrures, du clou, des poêles surtout dont le besoin se fera vivement sentir à l’approche de l’automne.
Le député de Chicoutimi-Saguenay, Pierre-Alexis Tremblay, de même que des membres du clergé s’emparent eux aussi du dossier. Ils signent des lettres ouvertes dans les journaux pour réclamer de l’aide. Leurs demandes répétées sont entendues par bon nombre de personnes aux quatre coins de la province et l’aide arrive pour soutenir les sinistrés.
Même si le chemin vers le salut est long et parsemé d’embûches, la population s’accroche, reconstruit et arrive à renaître de ses cendres.
Commentaires récents