Fermeture des centres Compassion: «Beaucoup d'efforts pour de petits abus», dit Khadir

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Publié le 07 juin 2010 à 05h00 | Mis à jour à 05h00

Fermeture des centres Compassion: «Beaucoup d'efforts pour de petits abus», dit Khadir

Marie-Josée Nantel
Le Soleil

(Québec) Questionné sur la fermeture des cinq centres Compassion du Québec, le député de Mercier, Amir Khadir, juge l'action des policiers disproportionnée.

«Tout système a des abus, reconnaît-il, mais je trouve que les policiers mettent beaucoup d'efforts pour mettre fin à de petits abus», a déclaré au Soleil le cochef de Québec solidaire, en marge du Conseil national de son parti qui a pris fin hier après trois jours de discussions.

Aussi médecin spécialisé en microbiologie-infectiologie depuis 20 ans, M. Khadir a déjà prescrit de la marijuana à des personnes atteintes du VIH ou du sida en phase avancée, à des cancéreux et à des gens souffrant de douleurs chroniques.

«C'est cliniquement pertinent d'en prescrire à ces types de patients», a soutenu M. Khadir.

Jeudi, les policiers ont arrêtés une trentaine d'individus. «Pendant ce temps-là, de gros requins courent toujours», a ajouté M. Khadir, en référence aux nombreuses allégations de corruption qui concernent le financement des partis politiques au Québec et le possible trafic d'influence lié à l'attribution de contrats publics.

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Publié le 07 juin 2010 à 05h00 | Mis à jour à 05h00

Fermeture des centres Compassion: reprise du débat
Ian Bussières
Le Soleil

(Québec) Après la fermeture par la police de tous les centres Compassion du Québec cette semaine, le fondateur de ces établissements et militant pour la légalisation du cannabis, Marc-Boris Saint-Maurice, réussissait tout de même à faire contre mauvaise fortune bon coeur.

«Malgré tout, il demeure que le bon côté là-dedans, c'est que ça remet sur la place publique le débat sur la marijuana, et de façon assez solide pour un bon bout de temps», a commenté M. Saint-Maurice, qui rencontrera plusieurs avocats cette semaine pour désigner qui sera chargé de représenter les employés qui seront accusés au criminel.

«Nous prendrons tous les outils qu'on jugera utiles [...] afin de faire tomber les accusations. On pense aussi attaquer la loi», dit M. Saint-Maurice, qui voit d'un bon oeil le fait que les Californiens pourront voter cet automne sur une proposition de légalisation du cannabis.

«Avant, on se faisait dire que la légalisation n'était pas possible au Canada parce que les États-Unis ne seraient jamais d'accord. Mais maintenant, c'est la Californie qui arrive avec une proposition qui légaliserait la marijuana tant à des fins autant médicales que récréatives. C'est la même chose qui est arrivée avec le cannabis médical et le mariage des couples de même sexe : le dossier était parti en Californie et maintenant, c'est légal au Canada», observe-t-il.

S'il n'est pas contre l'idée de taxer la marijuana pour en tirer des revenus qui intéressent les politiciens californiens, le fondateur des centres Compassion insiste sur le fait que cette solution n'est pas une panacée. «Oui, il y a de l'argent à faire [...] mais ce n'est pas une solution miracle. Il ne faut pas que les gouvernements croient qu'ils régleront tous les problèmes comme ça.»

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Publié le 07 juin 2010 à 05h00 | Mis à jour à 05h00

Fermeture des centres Compassion: prêt à se battre pour la cause
Jean-François Néron
Le Soleil

(Québec) Atteint de sclérose en plaques, Claude Vadeboncoeur, 43 ans, a trouvé dans le cannabis la seule substance capable de le soulager. La fermeture par la police du Centre Compassion de Québec, la semaine dernière, l'oblige maintenant à se tourner vers le marché noir avec les risques que cela encourt. Il dit maintenant être prêt à se battre pour fumer en toute légalité.

Le diagnostic tombait il y a quatre ans : sclérose en plaques. Depuis deux ans, M. Vadeboncoeur est inapte au travail. Sa posologie consiste en la prise de plusieurs médicaments sur une base quotidienne. Seul hic, aucun ne le soulage vraiment. C'est pourquoi il s'est tourné vers la consommation du cannabis à des fins thérapeutiques.

En devenant membre du Club Compassion, le résidant de Saint-Nicolas avait enfin trouvé un baume efficace à ses douleurs. «C'est la seule chose qui me fait du bien. C'est accessible et c'est bien géré. On a toujours la bonne quantité et la bonne variété selon ta maladie et tes symptômes. En plus, la qualité est bonne. Avec la fermeture du centre, c'est comme si on me disait que je n'avais plus le droit de prendre mes médicaments», déplore-t-il.

La frappe policière de jeudi dernier, qui a touché tous les centres au Québec qui vendaient du cannabis à des fins thérapeutiques, le forcera les mois prochains à se procurer la drogue dans la rue. «C'est ça [du pot] ou rien. Et rien, c'est inimaginable», justifie celui qui consomme deux grammes par jour.

«Il [le gouvernement] m'oblige à retourner sur le marché noir, lance-t-il, visiblement découragé. Je ne saurai pas ce que j'achète. Sans compter que je vais devoir en prendre deux fois plus parce que ce n'est pas la même qualité qu'au centre», s'insurge-t-il, en gardant une pensée pour ceux qui devront arrêter complètement leur consommation parce qu'ils ne seront peut-être pas en mesure de se procurer de la marijuana autrement.

Briser les tabous

«Je suis prêt à aller au front pour la cause», lance le père de deux adolescents. «Ça prend du monde pour briser les tabous», renchérit France, sa conjointe, qui ne consomme pas. Celle-ci compte soutenir son mari dans sa lutte parce qu'elle voit les bienfaits du cannabis sur lui et la famille. «Plus il a des douleurs et plus il est irritable. Lorsqu'il fume, ça allège ses souffrances et, du coup, la routine familiale», explique-t-elle, sachant fort bien que leur choix est parfois jugé durement.

C'est pourquoi M. Vadeboncoeur aimerait pouvoir consommer sans se tracasser avec des questions légales. «Plus on s'approche de la légalité, plus c'est facile à justifier. Que les médecins me donnent quelque chose de comparable et je vais arrêter de fumer. Mais personne n'a encore trouvé.»

Il pourrait faire une demande à Santé Canada pour obtenir une carte l'autorisant à consommer le cannabis produit par le gouvernement fédéral. En effet, la sclérose en plaques fait partie des maladies admissibles à ce programme. Cependant, comme plusieurs usagers, il considère qu'Ottawa n'a pas le pouce vert. «J'ai déjà essayé et ça n'atténue pas mes douleurs. Ça me donne juste mal à la tête.»

Les centres Compassion, jusqu'ici tolérés malgré le fait qu'ils étaient à cheval sur la loi, lui donnaient ce semblant de légalité, tout en offrant une matière première bien plus efficace.

«J'avais une carte de membre avec photographie qu'on me demandait chaque fois que je me rendais au centre. J'avais enfin trouvé un médecin [après en avoir consulté trois] qui acceptait de me prescrire du pot. Le centre avait communiqué avec lui pour certifier que ma prescription était valable. Dans mon livre, le monde qui allait au centre avait le droit d'acheter du cannabis à cet endroit», conclut-il, souhaitant «brasser la machine» pour faire changer les choses.

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