Celui qui est oint
Contrairement à la représentation offerte dans les évangiles de Matthieu et de Luc dans le Nouveau Testament, il est probable que Jésus n’est pas né Messie. Il a reçu ce titre avec son initiation par Jean le baptiste, et il n’est donc pas surprenant que Marc et Jean ne traitent pas de la mythologie entourant la conception virginale, et qu’ils commencent leurs récits de la courte carrière de Jésus avec son initiation par Jean le baptiste.
Même si leurs versions du baptême de Jésus par Jean décrivent une submersion sous l’eau, le terme « baptême » a des connotations relatives à une « initiation », et les textes gnostiques indiquent que le rite d’origine était réalisé dans le cadre du rite d’onction du kaneh-bosem, « l’onction ayant lieu avant ou après la cérémonie du baptême » [3]. Certains textes gnostiques énoncent aussi expressément que Jésus a reçu le titre de Christ « à cause de l’onction » [4], et non à cause d’un baptême à l’eau.
On peut concevoir qu’utiliser de l’eau pour nettoyer l’huile ait pu être un moyen de commencer la fin du rituel et des effets de l’huile.
La description des effets subséquents du rite indique clairement que Jésus a vécu une expérience psychologique intense, plus forte que celle qu’on peut recevoir d’une simple submersion dans l’eau.
« Jésus vint de Nazareth en Galilée, et il fut baptisé par Jean dans le Jourdain. Au moment où il sortait de l’eau, il vit les cieux s’ouvrir, et l’Esprit descendre sur lui comme une colombeK. Et une voix fit entendre des cieux ces paroles : “Tu es mon Fils bien-aimé, en toi j’ai mis toute mon affection.” Aussitôt, l’Esprit poussa Jésus dans le désert, où il passa quarante jours, tenté par Satan. Il était avec les bêtes sauvages, et les anges le servaient. » (Marc 1:9-13) Il doit être noté que la vision et les mots décrits étaient vus et entendus seulement par Jésus, puisqu’il est expressément dit « il vit ».
Le rôle joué par Jean le baptiste, comme prêtre et prophète, est très similaire à celui du prophète Samuel dans l’Ancien Testament. Tout comme l’onction de Saül et de David par Samuel les a identifiés comme rois Messies, l’initiation de Jésus par Jean a fait de lui le Christ.
Il existe des parallèles clairs entre les événements qui ont suivi la vision de Jésus et sa réclusion bouleversée dans le désert et l’histoire de l’initiation du prophète Saül par Samuel avec l’onguent sacré riche en cannabis et sa folie subséquente sous forme d’une possession par l’Esprit, et son errance pour agir de manière extatique et frénétique (1 Samuel 10).
Le récit de la possession de Saül par l’Esprit est un exemple de la façon dont les anciens interprétaient les effets du cannabis et des autres enthéogènes. Ce que nous percevons comme être « gelé » ou « défoncé », les anciens nommaient « être possédé par l’Esprit du Seigneur ».
« Jésus s’attendait à être différent à la suite de l’onction spirituelle; et il était différent. Les prophéties avaient dit que le Messie recevrait de Dieu sagesse et intuition, le pouvoir de guérir et de subjuguer le mal. La foi de Jésus était si puissante qu’il n’a pas remis en question le fait que ces capacités lui avaient maintenant été conférées » [6].
L’effet enthéogène de l’huile d’onction au cannabis aurait immédiatement amplifié à la fois les attentes de Jésus et son expérience subséquente avec Jean.
Dans certains textes qui font autorité sur l’évangile selon Luc, après le baptême, la voix de Dieu déclare « Aujourd’hui je t’ai engendréJ. » Cela indique que la rencontre de Jésus avec Jean marque le début réel de la mission de Jésus et de sa reconnaissance comme étant le Messie.
L’importance de l’onction, ainsi que la reconnaissance de cette importance par Jésus trouve aussi exemple dans l’évangile selon Luc.
Selon le Nouveau Testament, Jésus a commencé son ministère à Nazareth, en lisant le passage suivant du parchemin d’Ésaïe et en proclamant : « Aujourd’hui cette parole de l’Écriture, que vous venez d’entendre, est accomplie » (Luc 4:21).
« L’esprit du Seigneur, l’Éternel, est sur moi, car l’Éternel m’a oint pour porter de bonnes nouvelles aux malheureux; il m’a envoyé pour guérir ceux qui ont le cœur brisé, pour proclamer aux captifs la liberté, et aux prisonniers la délivrance… » (Esaïe 61:1-2)
[3] Kurt Rudolph, Gnosis: The Nature and History of Gnosticism, Harper, San Francisco, 1987
[4] Évangile selon Philippe
[6] Dr Hugh Schonfield, The Passover Plot, Bantam Books, 1967
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