La légalisation n’a pas tué le marché noir du cannabis au Canada
C’est au Québec (66 %) que l’appui à la légalisation du cannabis est le plus élevé
Opinion : La légalisation n’a pas tué le marché noir du cannabis au Canada
Six ans plus tard, un sondage de Research Co. montre que le régime légal de la marijuana au Canada fait l’objet d’avis mitigés
Mario Canseco
22 octobre 2024 07:00
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Des pots de variétés de cannabis se trouvent sur une étagère au dispensaire Eden Cannabis de Vancouver | Rob Kruyt, BIV
Il y a six ans, la consommation de marijuana est devenue légale partout au Canada. C’est l’une des promesses faites par Justin Trudeau lors de la campagne électorale fédérale de 2015, où son Parti libéral a commencé à une lointaine troisième place et a fini par former un gouvernement majoritaire.
Cette année, 62 % des Canadiens ont déclaré à Research Co. qu’ils étaient d’accord avec la légalisation de la marijuana au Canada, soit une baisse de deux points depuis 2023. Un tiers des Canadiens (33 pour cent, en hausse de deux points) ne sont pas d’accord.
C’est au Québec (66 %) que l’appui à la légalisation du cannabis est le plus élevé, suivi de l’Alberta (64 %), de l’Ontario (également 64 %), de la Colombie-Britannique (60 %), des provinces de l’Atlantique (56 %) et de la Saskatchewan et du Manitoba (53 %). Moins de la moitié (45 %) des Canadiens d’origine asiatique sont d’accord avec la légalisation de la marijuana, comparativement à la majorité des répondants qui s’identifient comme Sud-Asiatiques (57 %), Européens (67 %) ou Autochtones (75 %).
La consommation n’a pas beaucoup bougé par rapport à l’année dernière. Environ la moitié des Canadiens n’ont jamais essayé la marijuana (52 pour cent, en baisse d’un point), tandis qu’un tiers (33 pour cent, inchangé) en ont consommé avant qu’elle ne soit légale et 14 pour cent (en hausse d’un point) ne l’ont acquise qu’après qu’elle soit devenue légale – une proportion qui passe à 24 pour cent chez les 18 à 34 ans.
Une promesse liée à la légalisation était la disparition du « marché noir ». Dans notre sondage, 51 % des consommateurs (en hausse de trois points) nous ont dit que tout leur cannabis a été acheté chez un détaillant autorisé. Il reste donc deux consommateurs sur cinq qui disent que « la plupart » (16 %), « une partie » (10 %) ou « aucun » (14 %) de leur cannabis a été acheté dans un magasin autorisé.
En Colombie-Britannique, seulement 39 % des répondants affirment que tout leur cannabis a été acheté chez un détaillant autorisé. Il est clair, six ans après la légalisation, qu’il y a encore beaucoup de « cannabis illégal » sur le marché.
Les discussions sur la décriminalisation, qui sont intrinsèquement liées à la crise actuelle liée à l’utilisation d’opioïdes sur ordonnance et en vente libre, n’ont pas incité les Canadiens à appuyer davantage une légalisation générale de toutes les substances.
Cette année, moins d’un Canadien sur sept a déclaré qu’il légaliserait l’ecstasy (15 pour cent, en hausse de trois points), la cocaïne en poudre (14 pour cent, en hausse de deux points), l’héroïne (12 pour cent, en hausse de deux points), le crack (également de 12 pour cent, en hausse de deux points), la méthamphétamine ou la « méthamphétamine en cristaux » (également 12 pour cent, en hausse de trois points) ou le fentanyl (10 pour cent, d’un point). Dans chacun de ces cas, les femmes sont plus opposées que les hommes.
Il y a du mouvement sur deux questions. Plus de trois Canadiens sur cinq (63 pour cent, en hausse de cinq points) pensent que les entreprises canadiennes devraient être en mesure d’administrer des « tests de dépistage de drogues » à n’importe quel employé maintenant que la marijuana est légale. En 2021, les électeurs du Parti conservateur sont plus susceptibles d’appuyer les « tests de dépistage de drogues » (73 %) que ceux qui ont soutenu les libéraux ou le NPD (60 % chacun) lors des dernières élections. Les 55 ans et plus (66 %) sont plus favorables à cette ligne directrice que les 18 à 34 ans (63 %) et les 35 à 54 ans (60 %).
Enfin, près de trois Canadiens sur quatre (74 pour cent, en hausse de cinq points) sont d’accord avec le fait que le gouvernement fédéral ordonne des ordonnances de radiation aux personnes reconnues coupables de possession simple de marijuana, définie comme « la possession pour usage personnel sans intention d’en faire le trafic ». Avec le temps, de plus en plus de Canadiens croient qu’il est injuste que ces personnes soient choisies pour une activité que beaucoup pratiquent maintenant légalement.
Notre enquête montre que la légalisation a fonctionné à certains niveaux, mais pas à d’autres. L’idée que le Canada est un pays de non-droit où l’on peut acheter tout et n’importe quoi dans un magasin ne s’est pas concrétisée. Nous continuons de voir des consommateurs canadiens de marijuana dire que la moitié de leur produit a été achetée chez un détaillant autorisé. Les Canadiens qui aiment la marijuana partagent encore leur temps entre un magasin et « quelque chose d’autre, ailleurs ».
Mario Canseco est président de Research Co.
Les résultats sont basés sur un sondage en ligne mené du 13 au 15 octobre 2024 auprès de 1 001 adultes au Canada. Les données ont été pondérées statistiquement en fonction des chiffres du recensement canadien pour l’âge, le sexe et la région au Canada. La marge d’erreur est de plus ou moins 3,1 points de pourcentage, 19 fois sur 20.
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