Le premier salon du cannabis mis en échec par le ministère de la Santé

L’organisatrice du premier salon du cannabis de Québec dénonce une «campagne de peur» de la part du ministère de la Santé et des Services sociaux (MSSS), qui l’a forcée à annuler son événement à trois semaines d’avis.

Le premier salon du cannabis mis en échec par le ministère de la Santé

L’organisatrice dénonce une «campagne de peur» du MSSS

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Awa Diagne (à droite), présidente de CanEmpire, et Véronique DeBonville (à
gauche), cofondatrice de CanEmpire, ne comprennent pas les raisons qui
poussent le ministère de la Santé et des Services sociaux à mettre des
bâtons dans les roues de leur événement.
PHOTO STEVENS LEBLANC

SIMON BAILLARGEON
Jeudi, 19 mai 2022 20:48
MISE À JOUR Jeudi, 19 mai 2022 20:48

L’organisatrice du premier salon du cannabis de Québec dénonce une «campagne
de peur» de la part du ministère de la Santé et des Services sociaux (MSSS),
qui l’a forcée à annuler son événement à trois semaines d’avis.

• À lire aussi: Mouska Chanvre mise sur les fleurs

• À lire aussi: Une organisation de cannabis illicite suspectée de fournir
des «vendeurs légaux»

La toute première édition du CanFest devait avoir lieu le 28 mai prochain au
Complexe Capitale Hélicoptère (CCH). La visite d’un agent du MSSS au début
du mois a cependant tout fait basculer puisque ses mises en garde concernant
de possibles amendes salées ont fait en sorte que le CCH a mis un terme au
contrat le liant au CanFest.

La présidente de CanEmpire, qui organise l’événement, ne digère pas la façon
de faire du MSSS et estime que son organisation est traitée «comme des
criminels».

«Le ministère est allé raconter des informations sur notre événement qui n’étaient
pas vraies. Il mentionnait [...] qu’on allait faire la promotion du
cannabis, que notre événement était illégal, alors qu’aucun avis de
non-conformité n’a été remis parce que rien n’a été jugé illégal. C’est
seulement selon des prévisions de ce qu’eux croyaient qu’il allait se
passer», déplore Awa Diagne.

Festival de cannabis «interdit»

Par courriel, le MSSS a confirmé avoir remis une lettre à CCH en lien avec
le CanFest. On y rappelle qu’il est «interdit à quiconque d’associer à une
installation... un nom, un logo, un signe distinctif, un dessin, une image
ou un slogan associé au cannabis, à une marque de cannabis, à la SQDC ou à
un producteur de cannabis. Il en est de même pour l’association à un
événement sportif, culturel ou social. Par exemple, il est interdit d’organiser
un festival de cannabis», est-il écrit.

Awa Diagne réplique que l’événement se voulait avant tout «éducatif» et
comprenait «divers exposants, des conférenciers et des ateliers, dans le but
de faire de l’éducation.»

«On a dû se tasser»

Du côté du Complexe Capitale Hélicoptère, on confirme que le passage d’un
agent du MSSS les a convaincus de se retirer de l’événement. «Le ministère
nous a mis au parfum de la loi encadrant le cannabis. On s’est rendu compte
qu’on risquait de recevoir plusieurs [constats] d’infractions», a indiqué sa
directrice générale, Stéphanie Huot.

«On a évalué le risque, simplement, et on a pris le temps de réfléchir et on
a dû se tasser», a-t-elle ajouté.

Mais pour Mme Diagne, «la loi du cannabis est extrêmement large et laisse
beaucoup trop place à l’interprétation.»

«C’est carrément de l’intimidation, d’aller faire des menaces de remettre
des amendes de 500 000 $ et de mentionner que notre événement est illégal
alors que c’est faux», avance-t-elle.

Elle déplore aussi que le ministère soit entré en contact avec le Centre des
congrès de Lévis, qu’elle et son équipe avaient approché pour relocaliser le
CanFest, afin de les mettre en garde.

«Toutes les règles étaient respectées»

Mme Diagne peine à comprendre la décision des fonctionnaires de la Santé,
surtout que de nombreux changements ont été apportés «afin de respecter la
loi.»

«Toutes les règles étaient respectées. On a même été plus prudent que
nécessaire. On a coupé énormément de choses par rapport à l’événement qu’on
voulait organiser en 2019. [...] On a enlevé tout ce qui touchait au
cannabis récréatif. On a coupé tout ce qui pouvait être un problème pour
garder le strict minimum.»

Seul l’After-Party a survécu au CanFest et il se tiendra au Centre des
congrès de Québec. Un spectacle avec l’humoriste Jérémy Demay, suivi de
prestations musicales de Souldia et Alaclair Ensemble sont toujours prévus.

CE QUE DIT LA LOI ENCADRANT LE CANNABIS
Article 52

Il est interdit d’associer à une installation sportive, culturelle ou
sociale, à une installation maintenue par un établissement de santé ou de
services sociaux ou à un centre de recherche un nom, un logo, un signe
distinctif, un dessin, une image ou un slogan associé au cannabis, à une
marque de cannabis, à la Société québécoise du cannabis ou à un producteur
de cannabis.

Quiconque contrevient aux dispositions du premier alinéa ou du deuxième
alinéa commet une infraction et est passible d’une amende de 5 000 $ à 500
000 $. En cas de récidive, ces montants sont portés au double.

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