Le cycle de vie d’un plant de cannabis expliqué

29/12/2018 Mise à jour : 29 décembre 2018 | 12:21
Le cycle de vie d’un plant de cannabis expliqué

Par Armina Ligaya, La Presse canadienne
La Presse Canadienne

TORONTO — Les producteurs autorisés de marijuana ont décidé d’augmenter leur production afin de remédier à la pénurie qui mine le marché depuis la légalisation de la substance en octobre, mais le temps requis pour faire pousser un plant de cannabis risque d’obliger les consommateurs à patienter pendant encore quelques semaines.

Même si le cannabis pousse comme de la mauvaise herbe, il a tout de même besoin de 18 semaines pour passer de l’état de semence à celui de plant mature. Et c’est sans compter le temps nécessaire pour la transformation et l’emballage du produit.

Le producteur autorisé CannTrust a offert à La Presse canadienne une visite guidée de ses installations de production et de transformation afin de lui permettre de jeter un coup d’oeil au processus. Voici les différentes étapes de la vie d’un plant de cannabis.

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1) Semence

La plupart des producteurs commerciaux de marijuana sautent l’étape de la semence et créent de nouveaux plants grâce à des boutures. Les graines prennent en effet plus de temps à pousser et sont sujettes à des variations génétiques qui peuvent nuire à la qualité du produit.

Les jeunes pousses sont prélevées sur des «plants mères» cultivés à des fins de clonage génétique. Ce surnom vient du fait que ces plants doivent être de sexe féminin. Seuls ces derniers produisent les fleurs remplies du convoité cannabinoïde, les plants mâles ne donnant que du pollen et des graines.

«Chaque plant dans cette serre est de sexe féminin, indique Michael Camplin, directeur général de l’installation de production de CannTrust dans la région de Niagara, en Ontario. Aucun plant de sexe masculin n’y est admis.»

Faire pousser un nouveau plant à partir d’une bouture assure la production de plants identiques sur le plan génétique, ce qui permet aux producteurs de cultiver une variété de marijuana précise dotée de caractéristiques particulières, ajoute M. Camplin.

2) Semis

Les boutures sont plantées dans un cube de terre humide et placées dans un environnement faiblement éclairé au taux d’humidité très élevé.

«Nous en prenons soin comme si c’était des bébés», commente Michael Camplin.

Après deux semaines, les racines commencent à pousser et les jeunes plants sont alors transférés dans un cube plus grand. Deux semaines plus tard, ils sont transplantés dans un autre cube légèrement plus volumineux.

3) État végétatif

Une fois l’étape du semis franchie, les plants entrent dans un état végétatif et sont encouragés à croître. Pour ce faire, les producteurs contrôlent la quantité de lumière que les plants reçoivent.

Si un plant est exposé à la lumière 18 heures ou plus par jour, il continuera à pousser sans produire de fleurs, explique M. Camplin.

4) Floraison

Pour amener un plant à produire des fleurs, il faut le convaincre que l’automne approche, donc réduire la lumière qu’il reçoit.

«Les plants de marijuana sont très sensibles à la lumière et entrent dans la phase de floraison lorsque les jours raccourcissent, à mesure que l’été cède la place à l’automne, affirme Michael Camplin. Quand les jours deviennent plus courts, le plant sait que c’est le temps de se reproduire.»

Imiter le changement de saison en réduisant à 12 heures la période durant laquelle les plants reçoivent de la lumière poussera ces derniers à fleurir.

Le temps requis pour produire une fleur dépend de la variété de cannabis, mais se situe généralement entre 7 et 10 semaines, ajoute M. Camplin.

5) Récolte

Une fois que le plant a atteint le stade de floraison désiré, c’est le temps de la récolte. L’intérieur de la fleur de cannabis est tapissé de petits poils brillants qui sont en fait des glandes appelées «trichomes». Ce sont elles qui contiennent le cannabinoïde, soit la substance active. Les cannabinoïdes les plus connus sont le tétrahydrocannabinol (THC) et le cannabidiol (CBD). Les trichomes renferment aussi des terpènes, les huiles odorantes qui ont une saveur et une odeur uniques.

Les plants sont coupés et les fleurs de cannabis séparées mécaniquement des tiges et des feuilles avant d’être inspectées et taillées à la main, précise Michael Camplin.

6) Séchage

Les fleurs fraîches de cannabis sèchent pendant deux semaines sur des supports. Elles sont ensuite placées dans des sacs en plastique fermés qui sont entreposés dans de grands bacs pour deux autres semaines.

«Cela permet d’avoir un taux d’humidité stable. Chaque jour, les sacs sont ouverts, brassés et refermés», raconte M. Camplin.

Une fois le séchage complété, les fleurs sont classées selon leur taille. Les plus grandes sont généralement vendues telles quelles alors que les plus petites sont mises de côté pour être transformées en huile, ajoute-t-il.

7) Contrôle de la qualité et transformation

À cette étape, le cannabis est soumis à des tests de qualité afin de recevoir l’approbation pour être transformé, explique Chris Lucky, vice-président de la chaîne d’approvisionnement et de la transformation chez CannTrust. Il faut en moyenne de 10 à 11 jours pour recevoir les résultats des laboratoires.

Une fois que les fleurs ont réussi les tests, elles sont soit emballées pour la vente, soit soumises à un procédé d’extraction afin de produire de l’huile de cannabis.

8) Extraction

Les fleurs choisies pour produire de l’huile sont passées dans un broyeur industriel et cuites. La chaleur permet d’activer les substances qui auront un effet médicinal, indique Anna Jakobmeier, directrice de l’extraction et du raffinement chez CannTrust.

Le cannabis est ensuite placé dans une machine à extraction qui utilise la chaleur et du dioxyde de carbone sous pression pour séparer les cannabinoïdes de la plante.

Le liquide résultant de ce processus est ensuite mélangé à une autre huile, puis embouteillé ou encapsulé afin d’être vendu.

9) Emballage et étiquetage

Les produits finis sont emballés et étiquetés conformément aux directives de Santé Canada, qui limitent l’utilisation de couleurs, d’images et de logos.

Un timbre d’accise est posé sur les produits destinés au marché canadien afin d’indiquer que le cannabis a été produit de manière légale et que les droits applicables ont été payés. Chaque produit doit recevoir le timbre correspondant à la province ou au territoire où il sera vendu.

Beaucoup de producteurs ont mis la pénurie sur le compte des timbres, qui auraient ralenti la production. Parmi les problèmes mentionnés figurent des retards dans l’envoi des timbres ainsi que la nécessité de recourir à de la colle pour les fixer sur les emballages.

Le cannabis est une toute nouvelle industrie et les entreprises apprennent et améliorent les processus au fur et à mesure qu’elles les découvrent tout en automatisant certaines étapes de la chaîne de production lorsqu’il est possible de le faire, reconnaît M. Lucky.

«Tout le monde est en train d’apprendre les processus. Comme organisation et industrie, il y a beaucoup de choses que nous avons faites systématiquement sur le plan de l’automatisation», conclut-il.

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