Cannabis au volant : "difficile d'évaluer la durée de son impact sur la vigilance"

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VIDEO. Cannabis au volant : "difficile d'évaluer la durée de son impact sur la vigilance"

Publié le 14/11/2012 | 11:58 , mis à jour le 14/11/2012 | 13:49

SOCIETE - Un chauffard de 20 ans a provoqué la mort d'un bébé de sept mois dans un accident, samedi 10 novembre dans l'Hérault, après avoir consommé du cannabis. Mis en examen lundi, il a été remis en liberté sous contrôle judiciaire. Ce drame intervient après plusieurs accidents récents causés par des conducteurs sous l'emprise de stupéfiants.

Depuis février 2003, le dépistage toxicologique chez les conducteurs impliqués dans des accidents de la route est devenu systématique. Mais, sur fond de débat sur la dépénalisation du cannabis, des questions subsistent. Les tests sont-ils fiables ? Quel est l'impact du cannabis sur la vigilance des conducteurs ? Pour y voir plus clair, Francetv info a interrogé des spécialistes des stupéfiants.

Moins d'échantillons positifs parmi les morts sur la route

En septembre dernier, lors du congrès de toxicologie de Chambéry, le Dr Patrick Mura, du CHU de Poitiers, a rendu publique une étude menée dans dix-sept départements du Grand Ouest pendant dix ans. Avec le laboratoire privé BIOffice, il a analysé le sang des conducteurs morts dans des accidents de la route. Objectif : évaluer année après année la présence ou non de THC, la molécule contenue dans le cannabis, chez ces personnes.

Les résultats sont surprenants. Car si la consommation de cannabis a augmenté durant cette période, le nombre d’échantillons positifs, lui, a diminué. Selon le praticien, cela s'explique par une meilleure prévention et par des tests de dépistage plus nombreux.

La salive loin d'être fiable à 100%

Les tests salivaires, mis en place en août 2008, sont considérés comme des tests "d’orientation". Pour le Dr Mura, ils peuvent indiquer à coup sûr une consommation très récente de cannabis, mais ne peuvent "scientifiquement montrer une consommation effectuée plus de 8 heures auparavant". C’est le temps maximum de "séquestration buccale", de présence dans la salive de la molécule recherchée.

Encore faut-il être certain que le résultat ait été correctement recueilli : "Même dans nos laboratoires, dans des conditions optimales, il nous est parfois difficile de déterminer si le test est positif ou non, si les barres colorées apparaissent (test négatif) ou non (test positif)."

Les tests sanguins, eux, sont utilisés pour déterminer avec certitude la présence ou non de THC dans le sang. Ils ne peuvent être effectués que par un laboratoire agréé. Mais le THC peut encore être présent dans l’organisme alors qu’il a disparu du sang : à la différence de l'alcool, il se fixe dans les graisses.

"Altération des réflexes et de la vigilance"

Le Dr Mura explique qu’il est très difficile de connaître la durée de l’influence de la prise de cannabis sur la vigilance au volant : "Les effets ressentis disparaissent très vite, mais les effets secondaires sont eux aussi dangereux. Ils altèrent les réflexes et la vigilance." Lors de tests opérés sur des simulateurs de conduite, l’équipe du CHU de Poitiers constate que tant qu’il reste du THC dans le cerveau, il y aurait altération de la capacité à conduire. Or, selon une étude américaine menée par la toxicologue Marilyn Huestis, chez les consommateurs réguliers (plusieurs fois par semaine), on détecte la molécule plusieurs jours après l'inhalation.

Chez les fumeurs occasionnels, "on ne peut pas être précis, mais les effets directs sur la vigilance ne sont plus présents après une douzaine d'heures", selon le Dr Mura.

Les implications que pourraient avoir de telles précisions sont trop importantes pour que le médecin affiche une certitude. La communauté scientifique n’a en outre pas encore tranché le sujet. D’autant plus que les effets sont variables "selon la personne, le contexte et le produit".

"Des effets différents selon les personnes"

Nous avons interviewé un psychothérapeute sur ce point. Maître de conférences à l’université Paris-Diderot, clinicien à l’hôpital Henri-Ey, Eric Toubiana soutient lui aussi que les effets sont différents selon les personnes et selon leur état psychologique au moment de la prise de cannabis.

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