Sans le droit à l'autoproduction la décriminalisation c'est de la foutèse !

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Sans le droit à l'autoproduction
la décriminalisation c'est de la foutèse !

La cause qui fait que plusieurs consommateurs de cannabis
soient devenus autoproducteurs, c'est qu'ils ne voulaient plus
enrichir les groupes criminels organisés.
Qu'ils voulaient avoir le contrôle sur la culture
et la qualité du cannabis qu'ils consument.

Donner des amendes au lieu d'emprisonner
et/ou tolérer une petite quantité pour usage personnel
sans le droit à l'autoproduction
c'est de l'hypocrisie crasse !
C'est cautionner et encourager le crime organisé
à continuer de remplacer l'État !

http://www.parl.gc.ca/37/1/parlbus/commbus/senate/com-f/ille-f/presentat...

Extrait du
Mémoire présenté Par :
Line BEAUCHESNE
Professeure agrégée
Département de criminologie
Université d'Ottawa

CONCLUSION :

Quelles valeurs doivent fonder les politiques canadiennes en matière de drogues ?

Les politiques en matière de drogues, à l’heure actuelle, se développent dans une anarchie très grande, car le débat sur les objectifs de ces politiques et les valeurs sociales qui les fondent n'a pas été fait.

Ainsi, dans le contexte actuel, on justifie tant la répression à l’égard des usagers de drogues que la mise en place de lieux d’injection sécuritaire, tant l’enfermement carcéral que la distribution de matériel stérile pour s’injecter dans les prisons.

Cette situation oblige les intervenants qui veulent travailler à l’inclusion sociale des usagers de drogues à oeuvrer au milieu des méfaits de la prohibition et de la répression qui en découle, et à se justifier continuellement à une population hostile à leur clientèle.

C’est ainsi que les incomforts et les malaises grandissent sur le terrain car, dans ce contexte, il est difficile de clarifier les objectifs prioritaires, les limites éthiques des interventions, de contrer certaines difficultés d’opération, de même que d’établir des critères satisfaisants pour évaluer les résultats des programmes.

C’est pourquoi nombreux sont ceux qui commencent à trouver que l’argument de lutte contre le sida est un lourd tribut à payer pour intervenir auprès des toxicomanes et ces derniers, comme mentionné plus haut, commencent à revendiquer d’être autre chose qu’un possible danger de contamination, ou encore contestent le statut politique de malade pour recevoir de l’aide et du support.

Dans la réflexion sur une politique canadienne en matière de drogues, chacun gagnerait à faire l’exercice de reprendre les options sur le rôle de l’État présentées en début de mémoire, pour en situer dans la finalité en regard des valeurs sociales que l'on veut privilégier. Cela ne permet pas de tout changer du jour au lendemain, mais cela aide à s’orienter, à faire des choix d’action plus cohérents et crédibles. Rappelons-les brièvement.

Le moralisme juridique. Considérer que l’État a, parmi ses rôles, la légitimité de maintenir une morale commune, indépendamment des nécessités de l’ordre public, c’est considérer que les pouvoirs en place peuvent légitimement maintenir leur dominance en imposant les valeurs qui répondent à leurs besoins. En matière de drogues, la responsabilité que l’on attribue aux usagers dans l’arrivée de leurs problèmes économiques, de santé et pénaux, découle de cette logique. Et la solution est de marquer leur faute morale par le pénal, sans interroger les responsabilités de l’État en ce domaine.

Le paternalisme juridique. Considérer que l’État a, parmi ses rôles, la protection des personnes non-autonomes, sans interroger la désignation des personnes non-autonomes, ni le sens du mot protection, c’est laisser les pouvoirs en place désigner non-autonomes les populations qui n’ont pu s’adapter aux conditions de vie actuelles et négliger, à cet effet, les effets de la répression et du marché noir dans les méfaits de la consommation. En matière de drogues, ces usagers qui ne savent ce qu’ils font, et s’ancrent dans des problèmes juridiques, économiques et de santé, deviennent ainsi les seuls responsables de leur état. S’ils n’ont pas compris que leurs problèmes venaient de leur incompétence à gérer leur vie à cause de la drogue, et qu’ils refusent le statut de malade pour recevoir de l’aide, la solution sera de les punir par le pénal, sans interroger les responsabilités de l’État en ce domaine.

Le libéralisme juridique. Considérer que l’État a comme responsabilité un environnement sécuritaire dans la gestion de l’ordre public, tout en préservant au maximum les droits civils, c’est considérer que les pouvoirs en place ne peuvent légitimement maintenir leur dominance qu’en maximisant pour chacun la possibilité de devenir citoyen à part entière. En matière de drogues, l’État a à rendre des comptes sur les possibilités qu’elle donne à chacun de consommer de manière sécuritaire, en rendant possible et accessible l’information sur les usages durs et doux de drogues, en implantant suffisamment de programmes de prévention des usages à risques, et en offrant les services et les soins les plus appropriés pour les personnes qui ont développé des problèmes de consommation. Cela signifie au niveau des principes deux choses : le pragmatisme –les drogues sont là pour rester et il faut composer avec cette réalité, et l’humanisme –l’usager de drogues est un citoyen à part entière. Soit les principes de l’approche de réduction des méfaits. Mais cela signifie également, dans le respect maximum des droits civils, que le droit pénal est un dernier recours pour gérer les problèmes rencontrés dans la réduction des méfaits.

Opter pour le libéralisme juridique en matière de drogues, comme en toute autre matière, est un idéal nécessaire en démocratie. À chacun, tout bas ou très haut –selon son privilège de parole, d’en articuler les étapes en matière de drogues. Et il est certain que dans le contexte prohibitionniste actuel, il faut beaucoup de courage et d'imagination pour les articuler. Mais ce n’est qu’à ce prix que l’on pourra prétendre mettre en place une politique canadienne en matière de drogues fondée sur l'humanisme, la responsabilité sociale et le respect de l'usager de drogues, en tant que citoyen à part entière. En somme, c'est le prix de la démocratie et la voie pour la réduction des problèmes de santé publique en matière de drogues.

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