Canada: un projet de loi fédérale remet en question la politique de réinsertion des jeunes criminels au Québec

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Article publié le : mercredi 23 novembre 2011 - Dernière modification le : mercredi 23 novembre 2011

Canada: un projet de loi fédérale remet en question la politique de réinsertion des jeunes criminels au Québec

Par Pascale Guéricolas
Depuis plusieurs décennies, le Québec prône la réinsertion des jeunes criminels dans la société en tentant de les rééduquer. Cette méthode qui porte ses fruits, comme le prouve les bas taux de délinquance, pourraît disparaître car le gouvernement fédéral canadien s’apprête à adopter une législation plus punitive envers les jeunes délinquants.

De notre correspondante au Québec, Pascale Guéricolas

Le ministre de la Justice du Québec vient de revenir à nouveau furieux d’une visite à Ottawa, la capitale canadienne, où il a rencontré son homologue fédéral. Une fois de plus, Jean-Marc Fournier s’est vu refuser ses propositions pour changer le projet de loi C-10.

Le gouvernement conservateur maintient le cap en faveur d’une législation plus dure et plus sévère pour les jeunes criminels qui pourrait être bientôt adoptée. Du côté des conservateurs, c’est un sénateur dont la fille a été assassinée en 2000 par un récidiviste qui mène la bataille. Pierre-Huges Boisvenu affirme qu’il faut débarrasser les rues canadiennes de ses criminels. A ses yeux, le Québec applique des sentences molles et ceux qui défendent une approche moins punitive sont du côté des criminels.

C’est la troisième fois que le gouvernement conservateur tente de faire adopter cette législation qui permettrait notamment de juger les mineurs comme des adultes en cas de crimes graves, qui augmenterait la durée des détentions préventives et limiterait le recours aux peines hors prison. Selon cette législation, il serait permis aussi de publier les noms et les photos des mineurs condamnés, ce qui est formellement interdit aujourd’hui.

La méthode québécoise a fait ses preuves

Le projet de loi va donc à l’encontre des principes de réinsertion et de réhabilitation, mis en place au Québec depuis plusieurs décennies. « Ce n’est pas le délit qui fait le délinquant, explique Pierre, éducateur. Chaque fois qu’on rencontre un jeune, on évalue la situation, et l’on recommande une sentence aux tribunaux qui correspond à ce qu’on peut faire avec cette personne-là. » Cela fait douze ans que de Pierre accompagne des jeunes criminels au centre de réinsertion Cité des Prairies à Montréal. Douze ans qu’il tente de transformer de jeunes meurtriers, des trafiquants de drogue, des voleurs en adultes responsables qui pourront un jour gagner leur vie honnêtement, fonder une famille.

Ce centre, géré par les centres jeunesse du Québec, n’a rien d’un camp de vacances. Les criminels condamnés à des peines de privations de liberté vivent enfermés dans de petites unités, suivent obligatoirement une scolarité, et surtout fréquentent des ateliers où ils apprennent à maîtriser leur violence, à exercer leur jugement et à prendre en compte le point de vue de l’autre. Et ça marche. « Les chiffres parlent d’eux-mêmes, analyse la juriste Estibaliz Jimenez de l’université de Montréal. Le Québec est la province canadienne où le taux de délinquance est le plus bas. Ici, on prône la bonne mesure au bon moment, en tentant de traiter aussi les problèmes individuels du jeune, comme la dépendance aux drogues, le contexte familial, le décrochage scolaire, pour qu’il se réinsère afin de mieux protéger le public. »

Comme beaucoup de ses collègues, le projet de loi C-10 lui fait d’autant plus peur qu’il ne s’appuie pas sur des statistiques alarmantes sur la criminalité. « Notre société n’a jamais été aussi sécuritaire depuis trente ans, fait valoir la professeure de droit à l’université Laval, Julie Desrosiers. Cette législation, c’est du populisme pénal.» Pour les opposants au projet de loi C10, l’affaire est entendue. Les conservateurs poursuivent un combat idéologique basé sur la loi et l’ordre et rien ne les fera dévier de leur trajectoire. Paradoxe, pendant ce temps au Texas, un état américain pourtant très favorable à une justice répressive, on amorce aujourd’hui un virage vers une approche judicaire basée sur la réinsertion. Trop de prisons, cela finit par grever un budget…

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Zappiste:

Le sénateur Pierre-Hugues Boisvenu est un prohibitionniste défenseur du projet de loi C10.

Donc il fait parti des croisés, de ceux qui font que les profits restent une manne pour le crime organisé et les terroristes.

C'est tellement profitable, grâce à la prohibition, que même là où il y a la peine de mort il y a des traficants de produits illicites.

Avec l'argent de la prohibition le crime organisé peut s'acheter des armes, registre ou pas.

Rappelons que le projet de loi C-10 prévoit notamment des peines de prison plus sévères à l'endroit des mineurs et des trafiquants de drogue.

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