Lettre ouverte à un adolescent qui a fumé du cannabis.

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Lettre ouverte à un adolescent qui a fumé du cannabis.
10 mars 2011
A K
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J’ai vu un reportage au journal de 20H de David Pujadas, le 9 mars 2011, intitulé «le Cannabis et les parents» : on voyait un ado de 17 ans faire acte de contrition devant la caméra des journalistes de France 2.

Il y quelques mois, ses parents avaient découvert du cannabis dans sa chambre. Désemparés, ils avaient pris –avec leur smart phone- des photos des sachets d’herbe trouvés dans un coffret en bois. Au début, ils n’avaient pas osé en parler à leur fils. Mais ils «avaient compris pourquoi celui-ci était si agressif avec [eux] et si dissipé en cours les derniers temps». Ils avaient hésité à appeler la police ; mais «quand même c’était [leur] enfant». Alors, ils ont finalement décidé de lui en parler et de l’emmener voir un médecin. Puis à noël, chaque membre de la famille (les parents, la sœur, la tante, les grands-parents) sont venus parler individuellement au jeune homme, pour le dissuader. Bon jusque-là pourquoi pas ?

Visiblement, le garçon était resté un garçon obéissant puisqu’il a «décidé» d’arrêter de fumer des joints. Cela a même été l’occasion de renouer un dialogue avec sa famille.

Mais comme si ça ne suffisait pas, toute la famille a décidé de faire venir les caméras de France 2 dans l’appartement. Et le jeune homme a donc fait son mea culpa devant les millions de téléspectateurs de France 2, expliquant que c’était la faute du cannabis s’il travaillait mal, s’il était dissipé en cours, s’il n’écoutait plus ses parents.

C’est là où le reportage m’a vraiment étonné. Comme si à l’adolescence, il y avait besoin de fumer du cannabis pour faire l’idiot en cours ou dormir, ou rater son année, redoubler et même se faire virer du bahut. Je sais de quoi je parle puisque ça m’est arrivé au même âge et à plusieurs amis également. Je n’ai pas redoublé mais j’ai dû changer de lycée tant les conflits étaient nombreux avec les professeurs et la direction. A cette époque, bien sûr ni mes amis ni moi n’avions jamais fumé un joint ; j’ai découvert ça plus tard à la fac. Je me rappelle aussi de mon grand frère qui entre 14 et 17 ans quittait la table une fois sur deux avant la fin du repas, tant il avait sans doute l’impression d’être incompris. Lui, n’a jamais fumé de sa vie (bientôt 40 ans).

Nous ne fumions pas le cannabis, nous avons toujours eu des parents attentifs et aimants : ce qui ne nous a pas empêché de faire des bêtises, de sécher les cours, de nous révolter, de péter les plombs et aussi… de nous faire punir.

Alors je voudrais dire au jeune homme qui était dans le reportage que même s’il a arrêté de fumer des joints, s’il sèche encore les cours pour les beaux yeux d’une fille ou pour aller au cinéma voir un film d’horreur, ce n’est pas qu’il est fou ou parce qu’il inhale la fumée « des copains qui continuent à fumer devant lui « . Et si un jour, il refumait un joint ? Serait-il malade ? Irrécupérable ? Certainement pas. Ce dont il souffre, ça s’appelle l’adolescence et ça touche tous les jeunes de son âge, qu’ils fument ou non. « Il faut bien que jeunesse se passe ». Les anglais eux ont une belle formule pour dire cela « Boys will be boys. »

A part ça, j’imagine que les joints, ce n’est pas super pour suivre en cours. Mais les téléphones portables non plus. Et la télévision ou les jeux-vidéos à haute-dose le soir, c’est pas super pour la concentration et pour faire ses devoirs.

Culpabiliser, interdire, diaboliser n’a jamais prouvé son efficacité ni auprès des jeunes ni auprès de personne. Pour preuve, il n’y a jamais eu autant de fumeurs en France qu’aujourd’hui. Alors, au lieu de faire des reportages bidon, quasi malsains, essayons de réfléchir à une vraie prévention qui cesse de prendre les parents et leurs enfants pour les héros improbables d’une téléréalité morale et hygiéniste, bref pour des imbéciles

AK

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