MÉDICAMENTS D'ORDONNANCE: Les opiacés gagnent du terrain à Québec...

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Des médicaments d'ordonnance se retrouvent sur le marché noir !
Qui sont les profiteurs ?

OxyContin, un dérivé de la morphine:
Cet antidouleur, qui induit une "forte dépendance physique", est prescrit par exemple aux gens qui ont des maux de dos chroniques ou qui ont subi "de petites fractures", ajoute M. Turmel.

Le Dilaudid est un narcotique plus puissant que la morphine:
Il est "normalement prescrit" à la suite d'une chirurgie, d'une fracture ou de douleurs très importantes. "On l'offre" souvent à des patients atteints d'un cancer à un stade avancé.

http://www.cyberpresse.ca/le-soleil/actualites/societe/201001/10/01-9378...

Publié le 11 janvier 2010 à 05h00 | Mis à jour le 11 janvier 2010 à 05h00

Les opiacés gagnent du terrain à Québec

Frédéric Denoncourt
Le Soleil

(Québec) Si la cocaïne demeure la drogue par injection la plus populaire chez les toxicomanes de Québec, on observe depuis quel­ques années une forte augmentation de la consommation de Dilaudid et d'OxyContin, des opiacés vendus sur ordonnance dont les effets peuvent être dévastateurs, s'inquiètent les intervenants en santé publique.

Voilà ce qu'on peut lire dans le plus récent rapport produit par l'Institut national de santé publique (INSP) sur le sujet.

Selon un des cosignataires, Michel Alary, plusieurs facteurs, dont la difficulté à se procurer de l'héroïne au Québec, peuvent expliquer la soudaine augmentation de la consommation des médicaments d'ordonnance dérivés de l'opium. «L'héroïne est très difficile à avoir ici. À Québec, c'est presque impossible.»

Le Dilaudid, en particulier, est un médicament contre la douleur dont les effets se rapprochent beaucoup de ceux de l'héroïne, une drogue qui agit comme un anxiolytique puissant, procurant à celui qui se l'injecte un intense sentiment d'apaisement, sinon d'euphorie.

En 2003, 36,2 % des toxicomanes de la capitale qui fréquentaient les programmes d'échange de seringues disaient s'injecter du Dilaudid. En 2007, ce chiffre était passé à 55,4 %.

Pour ce qui est de l'OxyContin, un dérivé de la morphine, 1,7 % des utilisateurs de drogues par injection disaient en faire usage en 2003, contre 36,8 % en 2007. Pendant la même période, la popularité de la cocaïne a légèrement diminué, passant de 96,6 % à 94,8 %.

Un narcotique plus puis­sant que la morphine

«Le Dilaudid est un narcotique plus puissant que la morphine, explique le pharmacien Jean-Sébastien Turmel. Il est normalement prescrit à la suite d'une chirurgie, d'une fracture ou de douleurs très importantes. On l'offre souvent à des patients atteints d'un cancer à un stade avancé. [...] Ceux qui se l'injectent par voie intraveineuse ont une sensation de bien-être complet, pas loin de l'effet de l'héroïne.»

Le Dilaudid est vendu sous forme de comprimés. La concentration dans le sang du médicament est bien moins élevée lorsqu'on le prend par voie orale que par voie intraveineuse, comme c'est souvent le cas des toxicomanes, continue M. Turmel. «Les gens qui en prennent vont s'endormir. Et ceux qui en prennent une trop grande quantité, 40 mg d'un coup par exemple, risquent de tomber en détresse respiratoire, et même de mourir.»

L'OxyContin est un dérivé synthétique de la morphine qui, même s'il est moins puissant que le Dilaudid, peut faire des ravages, ajoute M. Turmel.

«C'est un analgésique à libération prolongée qui permet de lutter contre la douleur durant 24 heures. Les toxicomanes qui en prennent deviennent comme zombies. Ce médicament peut aussi provoquer la détresse respiratoire et l'aphasie.»

Cet antidouleur, qui induit une forte dépendance physique, est prescrit par exemple aux gens qui ont des maux de dos chroniques ou qui ont subi de petites fractures, ajoute M. Turmel.

La méthadone à la rescousse

«On voit de plus en plus de personnes à Québec qui prennent du Dilaudid», confirme Mario Gagnon, directeur général de Point de repères.

Selon M. Gagnon, les opiacés vendus sur ordonnance sont en forte augmentation sur le marché noir de Québec depuis cinq ans.

«La hausse est particulièrement marquée depuis un an. On voit des gens qui avant faisaient uniquement de la cocaïne aller vers des produits opiacés pour des raisons économiques. Ces pilules gèlent plus longtemps et coûtent moins cher.»

«Au lieu d'un trip de quatre heures à 200 $ sur la coke, on va prendre un comprimé qui va donner un aussi long trip pour 10 $ à 25 $ la pilule. Les utilisateurs vont diluer le produit et se l'injecter», indique M. Gagnon.

C'est tout simplement la plus grande accessibilité de ces médicaments d'ordonnance qui fait en sorte qu'ils sont plus consommés qu'il y a quelques années, dit M. Gagnon, qui admet que son équipe a dû multiplier les interventions auprès de toxicomanes en détresse depuis un an ou deux. «Il est arrivé plusieurs fois où on a dû réanimer des gens. On les trouvait étendus dans les parcs ou dans la rue.»

Une quarantaine de personnes participent en ce moment à un programme de sevrage à la méthadone offert par Point de repères pour se libérer de leur dépendance aux opiacés.

Point de repères est un organisme d'aide aux toxicomanes qui distribue chaque année 370 000 seringues propres aux 3000 utilisateurs de drogues injectables de la région de Québec. On estime que de 10 à 12 % d'entre eux sont porteurs du VIH et qu'environ 70 % sont atteints de l'hépatite C.

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