Les conservateurs n'ont pas l'intention d'assouplir la loi sur la marijuana

Sue Bailey, La Presse canadienne

OTTAWA (PC) - Le gouvernement conservateur n'a pas l'intention d'assouplir la législation sur la marijuana et le nombre d'arrestations pourrait augmenter dans certaines régions du pays.

Un porte-parole du ministre de la Justice Vic Toews a répondu brusquement lorsqu'il s'est fait demander si les conservateurs avaient l'intention de poursuivre les efforts des libéraux pour décriminaliser la possession simple de marijuana.

« La réponse est très simple: non, a dit Mike Storeshaw. Nous n'avons aucune intention de déposer un projet de loi à ce sujet. »

La consommation de marijuana dans les lieux publics est devenue plus habituelle dans certaines provinces du Canada alors que le précédent gouvernement proposait une législation plus permissive. Mardi, trois jeunes hommes marchant sur la rue Wellington, à Ottawa, se passaient ouvertement un joint entre eux, à quelques pas de la tour de la Paix du Parlement.

Mais dans certains secteurs, la police a recommencé à sévir.

« Je crois que nous traversons actuellement une période sombre, a dit Alan Young, militant pour la marijuana et professeur à l'Ecole de droit Osgoode Hall de Toronto. Ils s'en prennent à ceux qui font pousser des graines et les vendent et le nombre de personnes qui sont accusées de possession simple est en augmentation. »

Le gouvernement libéral avait l'intention de faire en sorte que la possession de moins de 15 grammes de marijuana - environ 20 joints - soit traité comme un délit mineur passible d'amendes allant de 100$ à 400$, à la manière des infractions de la circulation.

Mais le plus récent projet de loi est mort au feuilleton quand la dernière campagne électorale fédérale a été déclenchée, en novembre.

Jusque là, les libéraux avaient dû affronter la vive opposition des élus américains. L'ancien ambassadeur des Etats-Unis au Canada, Paul Cellucci, avait même laissé entrevoir la possibilité d'un resserrement des contrôles à la frontière, dans l'éventualité d'un assouplissement de la législation canadienne sur la marijuana.

Les protestations des Américains se sont poursuivies malgré le fait que plusieurs des 50 Etats du pays ont déjà décriminalisé la marijuana de la même façon.

M. Young affirme que les militants pour la décriminalisation subissent un revers de fortune, qui ne devrait cependant pas être éternel.

« Pour le moment, c'est mort, a-t-il dit. C'est un débat qui progresse suivant des cycles. »

M. Young prédit qu'Ottawa ne pourra indéfiniment ignorer l'augmentation du nombre de consommateurs de pot.

« Nous sommes dans une culture où la consommation de la drogue est courante et il faut commencer à l'encadrer par des lois », a-t-il dit.

Selon le Centre canadien de lutte contre l'alcoolisme et les toxicomanies, la marijuana est la drogue illégale la plus populaire au pays.

Une importante étude nationale publiée en 2004 indiquait qu'environ 15 pour cent de la population adulte avait consommé du cannabis dans l'année précédente, en hausse par rapport au résultat de 7 pour cent constaté en 1994. Chez les étudiants universitaires, 29 pour cent d'entre eux consommaient du pot, tandis qu'ils étaient 23 pour cent chez les 13 à 18 ans.

Le centre met en garde contre les conséquences, qui vont de la diminution de la concentration aux problèmes respiratoires, à la dépression, la paranoïa ainsi que la possibilité de complications de symptômes psychiatriques pré-existants.