Cannabis: En psychiatrie, voit-on beaucoup de dépendants au cannabis exclusivement? Non, très peu.

http://sante.lefigaro.fr/actualite/2016/04/12/24854-cannabis-commencer-f...

Cannabis : «Commencer à fumer à l'adolescence entraîne une plus grande perte de QI»

Par Anne Jouan - le 12/04/2016

Marc Valleur, psychiatre à l'hôpital Marmottan, détaille les effets d'une consommation régulière de cannabis sur une longue période.

À partir de quelle consommation fumer du cannabis devient-il dangereux pour le cerveau?

Contrairement à l'alcool, il existe peu de critères quantitatifs avec le cannabis. Les dépendants à cette substance sont ceux qui en consomment beaucoup et pendant des années. C'est à ce moment-là que l'on observe de vrais effets secondaires avec notamment des états hallucinogènes et des confusions. Avant, il s'agit surtout de pertes de mémoire.

Quels sont les effets neurologiques d'une consommation régulière?

Commencer à fumer avant 18 ans, et pendant des années fait perdre des points de quotient intellectuel. Une étude néo-zélandaise, publiée en 2012 dans les PNAS(célèbre revue scientifique américaine NDLR) l'une des plus sérieuses jamais réalisées, avait été faite en suivant une cohorte de plus de 1000 enfants pendant 38 ans. Il en ressortait jusqu'à huit points de QI en moins pour les enfants qui étaient les consommateurs les plus réguliers au fil des années. Ce n'était pas le cas pour ceux qui n'avaient jamais fumé d'herbe. Cette publication montrait également que commencer à fumer à l'adolescence, c'est-à-dire au moment où la maturation du cerveau n'est pas encore terminée, entraîne une plus grande perte de QI par rapport à ceux qui ont débuté à l'âge adulte.

Qu'en est-il de la consommation ponctuelle?

Chez les jeunes, fumer pour se «détendre» va entraîner des problèmes de mémoire. Bien souvent, ils le savent, d'ailleurs, au point d'arrêter au moment des révisions d'examen. Le vrai problème concerne ceux qui arrivent à la consommation de cannabis par le monde du deal. Ils sont les patients les plus problématiques.

En psychiatrie, voit-on beaucoup de dépendants au cannabis exclusivement?

Non, très peu. L'usage régulier et intensif est le fait de gens qui veulent se démarquer ou qui ont déjà des problèmes. Ils mélangent alors le cannabis à l'alcool, aux anxiolytiques, ou encore à l'ecstasy, soit des produits bien plus dangereux que le cannabis lui-même. Et contrairement à l'héroïne pour laquelle on peut suivre les patients pendant dix ans, il est possible d'arrêter le cannabis en quelques mois. Je me souviens de ce garçon de 25 ans qui nous avait amené son père pour lui faire arrêter le cannabis. Il avait commencé très jeune et son fils en avait assez de le voir amorphe le week-end quand il allait le voir. Il a arrêté sans problème, en quelques mois.

Commentaires

Ajouter un commentaire

Plain text

  • Aucune balise HTML autorisée.
  • Les adresses de pages web et de courriels sont transformées en liens automatiquement.
  • Les lignes et les paragraphes vont à la ligne automatiquement.